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02/10/2015

Rosalie

Rosalie, mariée à 17 ans, 3 ans plus tard 3 enfants, et ensuite 3 décennies de travail harassant, de soucis, de désastres (maladies, morts, faillite). Mais, disait son fils, elle a toujours gardé le sourire. La vaillance ne l'a jamais quittée, jusqu'à la fièvre espagnole qui l'a clouée dans un lit dont elle ne s'est jamais relevé. Je pense souvent à elle, ma grand-mère inconnue, lointaine et pourtant familière. J'imagine ses allées et venues dans la grande maison ou la veilleuse de la lampe à huile atténue l'obscurité de l'escalier, et les lampes à pétrole dans la salle, dans la cuisine. Ma grand-mère n'a pas connu, je crois, l'électricité chez elle. Les verres de lampe étaient difficiles à nettoyer, sans eau chaude au robinet, les mains grasses de suie ensuite. Encore avait-elle l'eau courante, depuis quelques années. Son doux sourire éclaire les photographies de ce temps, le visage auréolé des frisottis échappés du chignon de rigueur. Pourtant, de cette femme souriante et tranquille, qui partait le soir à la rencontre du voiturier, une lampe tempête dissimulée sous sa mante, pour lui éviter l'amende des gendarmes à l'entrée du village, de cette femme généreuse, donc, sa fille disait "elle ne sait pas soigner". Je mets bout à bout des informations éparses, cela fait un portrait un peu cubiste, un peu faux, et très vrai. 

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