Transhumance, la vraie (18/10/2011)

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Je me souviens des bruits et des odeurs de la transhumance des moutons. Crotte, suint, urine, voilà pour les odeurs. Les bruits : le bêlement des bêtes (les troupeaux étaient énormes, on parlait de 3 ou 4000 têtes), les sifflets et les cris brefs des bergers, le piétinement sourd de ces milliers de pattes... Le passage des troupeaux était une petite fête. Bien sûr, il fallait courir pour protéger les fleurs devant la maison, mais avez-vous déjà vu un mouton dédaigner une possible nourriture à sa portée ? La tâche était pour ainsi dire impossible. On se dépéchait de préparer le café, que les bergers buvaient rapidement avant de rejoindre le troupeau en courant, après un échange rapide de nouvelles et de considérations diverses. Mes parents connaissaient bien certains d'entre eux, qui leur prêtaient parfois de l'argent. Même leurs noms étaient singuliers : Ismaël, Clovis... À l'arrière venaient les ânes et les mulets, chargés des provisions pour l'été. Arrivée, retour, le passage des moutons marquait la saison. Pourquoi ai-je l'impression d'avoir toujours été présente lors de ces transhumances ? Et quels regrets, malgré les fleurs massacrées, d'avoir vu un jour passer les moutons dans d'énormes camions à claire-voie. C'en était fini de l'attente des automobilistes à l'arrière des troupeaux, pendant des kilomètres. Seul le bon vouloir du berger, qui jaugeait le conducteur d'un seul coup d'œil, permettait de remonter très lentement la marée des bêtes. Mais je parle d'un temps où la circulation était peu importante. Lorsque celle-ci a augmenté, les camions à bétails sont arrivés. Ainsi vont les choses.

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