Mon voisin (09/11/2011)
Je connais quelqu'un qui a passé toute sa vie à l'ombre du même clocher. Il a habité deux maisons dans sa vie. Sa maison natale, côté est du clocher et celle où il a vécu 50 ans avec son épouse, côté nord du clocher. Maintenant âgé, malade, il va partir en maison de retraite. Il va perdre définitivement cette masse sonore qui a bercé toutes ses nuits et rythmé ses journées. Je sais de quoi je parle : je suis née côté ouest de ce clocher, qui sonne et redouble toutes les heures, puis un coup pour la demi. Rien pour les quarts, heureusement. Je dis "heureusement" uniquement pour faire plaisir à ceux qui ne pourront jamais s'habituer à ces ondes sonores qui vrillent les oreilles. Je ne le dis pas pour moi, ni pour le vieux monsieur de la maison voisine. Déjà, dès avant notre naissance, dès le ventre de nos mères, nous avons entendu ces coups répétés sur la cloche. Je ne reviens jamais dans ma maison sans être émue par ces sons tellement quotidiens. Mon vieux voisin, dans sa maison de retraite, ne les entendra plus. Mais dans sa déréliction extrême, y pense-t-il seulement ?
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