Mondes disparus (16/06/2012)

Des mondes disparus. Les fêtes religieuses, Rogations, Fête-Dieu. Celles où l'on décorait les grandes croix disséminées dans la paroisse. Draps blancs, bouquets de fleurs des champs, et la procession faisait halte devant chaque croix, chants et prières. Celles où les enfants, munis de petits paniers garnis de toile blanche et de dentelles, lançaient des pétales de roses sur le sol de l'église. Toujours chants et prières. Et celle (la même ?) où les paysans amenaient à l'église des croix formées sommairement de 2 bâtons écorcés, pour les faire bénir avant de les planter dans leurs cultures. Chants et prières. Monde disparu. En quelques décennies, sous mes yeux, changement total de civilisation. Tout a changé : les modes de vie, les mœurs, le confort, l'activité, les communications. Qui a besoin maintenant de faire bénir des croix protectrices alors que les bois et les broussailles envahissent les terres autrefois cultivées ou paturées ? Et les crucifix aux carrefours des chemins s'effondrent les uns après les autres. Seul le clocher continue à égrener les heures, mais c'est la mairie qui fait entretenir le mécanisme de l'horloge. L'église, fermée, ne résonne plus de chants et de prières, plus personne ne les connaît, sauf quelques vieilles qui ni ne chantent ni ne prient ensemble. Quelques traces survivent dans ma mémoire, des bribes de souvenirs, peu fidèles, je crois. Je ne regrette que l'atmosphère festive, joyeuse et la grâce de l'enfance, confiante, tellement confiante. Et tout de même, l'odeur suave des pétales de roses...


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