Attendre (23/05/2013)

Attendre ne me déplaît pas. On me dit que c'est du temps perdu, et que le temps est trop précieux pour être perdu. Sauf que, pour moi, ces intervalles de temps passés à attendre ne sont jamais perdus. Attendre un train, l'heure d'un rendez-vous, un bus, l'arrivée d'une amie, est l'occasion de regarder, d'observer. Les paysages, les gens, la végétation, la circulation... Hier, ayant choisi un train lent au lieu du train très rapide pour gagner la capitale, j'ai passé deux heures délicieuses à lire la "Gazette des jardins", où j'ai glané ceci : "Je suis très vieux, ce qui compte pour moi est d'être joyeux", parole d'un vieux japonais. Et l'auteur de l'article ajoutait ses commentaires :"vieux rime avec joyeux, pas avec peureux", et : "seul le temps vécu compte". Le petit train traversait des villages aux noms inconnus, quelquefois s'arrêtait. À sa vitesse tranquille, je pouvais observer, quittant ma lecture quelques instants, les jardins soignés, les rues désertes, les usines abandonnées, les cultures noyées d'eau et gâchées. Je n'étais pas dans le temps perdu, mais dans le temps vécu. Je n'ai pas perdu mon temps, j'ai gagné, presque à mon insu, en connaissance de l'usage du monde.

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