Encore une histoire de livres... (25/02/2014)

Pour faire suite à ma note précédente, quels livres sont vraiment nécessaires ? Et surtout quels livres ME sont nécessaires ? À déterminer au cas par cas. Pas de positions définitives. Ces objets, qui ne sont pas des sculptures !, ont une fonction qui dépasse leurs contenus. Je sais quand et pourquoi je les ai lus, ou seulement parcourus. Ils sont ma mémoire, mon assise, ils constituent un rempart contre l'oubli, l'abandon. Mais je n'ai plus besoin de cette mémoire là. J'ai tourné les pages, et mon histoire professionnelle se fond dans des lointains où je ne souhaite pas revenir. Comme on abandonne difficilement ses vieux habits si confortables quoique déformés et démodés, je peine à abandonner ces traces de ma vie d'avant, qui pourtant m'encombrent et me pèsent. Mystérieuses contradictions. Vouloir et ne pas vouloir tout à la fois. Le rangement de sa bibliothèque n'est pas un geste banal. C'est un geste qui tranche (le rebut) et qui ouvre de nouvelles perspectives. Petite réorganisation qui n'est pas que fonctionnelle. Je trace, assez maladroitement, la géographie d'un nouveau territoire, reprenant la chanson "c'est avec du vieux qu'on fait du neuf". Pratique salutaire qui joue sur deux registres : affectif et/ou raisonnable. Je me demande ce qui retient ma main au moment des gestes décisifs. La peur, sans doute. Je peux esquisser la meilleure façon de faire en me concentrant non sur l'ancienne utilité de ces livres mais sur la notion de plaisir, qui ne s'épuise pas. Abandonner par exemple, la sociologie pure et dure et choyer les auteurs qui ont su parler (écrire sur...) de la lecture et de leur bibliothèque personnelle. W. Benjamin, E. Manguel, t'Serstevens, Chalamov, J.C Carrière, Eco. Au passage, je me dis que je n'aurai sans doute pas fait le même travail intellectuel et affectif avec une tablette numérique. La densité matérielle des livres, d'un coup, m'apparaît comme une vertu.

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