Mémoire (15/05/2014)

Il y avait le cliquetis de la machine à écrire, le grincement de la porte de l'armoire sur le palier, le vrombissement du pédalier de la machine à coudre, les voix animées et grondantes, partout. Disparu, tout cela. Comme va disparaître... quoi exactement ? Je ne peux rien identifier dans les bruits d'aujourd'hui qui auraient la même force que ces choses du passé. Les sons d'aujourd'hui, neutres, impersonnels. Rien ne remplace les émotions de l'enfance. J'entendrai jusqu'à mon dernier souffle le brouhaha des voix derrière moi, assise à l'écart sur le perron couvert, un peu cachée, à l'écoute de ces sons connus par lesquels je pouvais deviner ce qui se passait et que je ne voyais pas. Les bruits de vaisselle entrechoquée, les remontrances du cuisinier, et aussi des rires. Jamais de chansons, pas le temps, et pas le moment. Entre dedans et dehors, j'écoutais les bruits de la grande maison, les bruits des autres, et les grillons de l'été. Je me souviens de tout, même si tout a disparu.

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