Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/06/2012

Le petit bureau

Le papier peint du petit bureau était imprimé de motifs de toile de Jouy, bleus me semble-t-il. Je dis petit bureau... mais il n'y avait pas de grand bureau, donc pourquoi petit bureau ? C'était la pièce où il y avait, outre le mobilier habituel, table, chaises, la machine à coudre Singer, qui normalement n'aurait rien eu à faire là, mais il n'y avait pas d'autre endroit possible, et dont seule ma sœur aînée connaissait le fonctionnement capricieux. On disait dans la famille que c'était une machine du lundi, car il était bien connu que le lundi les ouvriers n'avaient pas le cœur à l'ouvrage. Les enfants se tenaient sous la table pour suivre le mouvement du pied de la couturière sur le pédalier. On voyait le tissu défiler à toute vitesse, retombant souplement sur l'arrière de la machine. Le charme du petit bureau provenait de sa taille, petite (intime), des dessins imitant la toile de Jouy sur les murs, où il y avait tant à contempler, et de l'atmosphère tranquille, à l'abri des allées et venues dans la vieille maison, où tant de gens en entraient et sortaient, parlaient fort. Les souliers cloutés raclaient les planchers. Il y avait partout des odeurs fortes, tabac, vin, sueur, cuisine, lessive. Sauf dans le petit bureau, dont on pouvait fermer la porte, où nous pouvions aussi faire nos devoirs, mais personne ne nous surveillait, ni ne nous aidait.  

08:10 Publié dans Avant | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer

Les commentaires sont fermés.