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30/04/2015

Les objets

J'accumule : livres, papiers, dessins, photographies et bien pire (pelotes de laine désassorties, broderies commencées il y a des lustres, vêtements démodés...). Parce qu'il est difficile de jeter, parce que chaque objet est une trace de ce qui fut un moment de notre histoire, parce que... on ne sait jamais ! Un jour, c'est certain, je viendrai à bout de ce fatras, un jour je me libérerai de ce qui pourrait devenir un fardeau et non plus un plaisir. Je ne sais pas quand, mais ce n'est pas important. Pour le moment, les doigts engourdis par ce printemps subitement glacial, je contemple une petite photographie et cette contemplation m'emmène très loin, vers un lieu aimé et perdu, sans regrets. Accumuler ces riens de la vie est peut-être le privilège de l'âge. Au nom de quoi se refuser ce bien-être des souvenirs un peu éteints, mais si nécessaires ? Rien ne presse, après tout. Je me contente de suivre les conseils du lettré chinois Li Yu qui préconisait de changer régulièrement la place des objets et oeuvres d'art d'une maison, afin de les mettre dans une autre lumière et modifier le regard. Sage précepte, très apaisant, même si l'on ne possède pas d'oeuvres d'art de valeur. Je me souviens avoir contemplé avec bonheur un simple verre à moutarde, mais d'une jolie forme, posé sur la tablette nue de ma minuscule cellule d'interne. Ce verre posé là était pour moi une véritable installation artistique, bousculée régulièrement par la personne chargée des grands nettoyages. Mon approche de la "beauté" a été très modeste, mais comme ce souvenir est vif !