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14/04/2015

Silence

Nos histoires sont à trous. Pas des petits trous de rien, non, des étendues inconnues. Les parents parlaient peu, et nous, nous n'interrogions pas. Ce fonctionnement était tacitement accepté et chacun enfermé dans son statut : parents au travail (toujours tant à faire !), aînés occupés à leurs amours et études diverses, petits à l'école et dans leurs jeux. Peu de paroles, peu de soins. Le silence est toujours là. Je dis que nos histoires sont à trous parce que je ne peux pas dire autrement ce silence.

12/04/2015

Fin d'hiver

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11/04/2015

Anachronique

La tortue se sent de plus en plus balourde. Anachronique. Inadaptée au monde moderne. Pas synchrone avec son temps. Un peu à l'écart. Insensible aux attraits qui font courir ses congénères (et des tortues qui courent... !). Ni grands voyages, ni vacances sur le sable chaud de lointaines contrées, ni équipements high-tech,ni vêtements de marque, ni voiture puissante. Piètre ménagère, créative sans destin... Alors quoi ? alors rien, ou si peu. Contempler le rouge gorge, compagnon du jardinier, l'écureuil toujours en mouvement, le renouveau des plantes. L'énergie est là. Tant pis pour la balourdise.

09/04/2015

La cabine téléphonique

Zélie Luc tenait la cabine téléphonique (dans ce village, au moins 11 vieilles dames s'appelaient Zélie) poste important. Dans ce temps d'avant l'automatique, le téléphone coûte cher, on l'utilise de façon parcimonieuse. La cabine transmet les appels aux quelques abonnés, de 8 heures à 12 heures, et de 14 heures à 18 heures. En dehors de ces heures, c'est notre téléphone qui assure le lien avec le monde, nous sommes "reliés". Mais Zélie Luc a un jardin, des poules, et ne peut rester en permanence devant son "standard". Et puis brancher la fiche est un geste à ses yeux un peu inutile. Nos appels sonnent souvent dans le vide, et ma mère cherche alors un enfant disponible pour courir chez Zélie lui rappeler son devoir de téléphoniste. Zélie tête en l'air ou peut-être pas très bien intentionnée à notre égard ? Le doute est permis. Elle est surtout très curieuse et écoute les conversations, se trahissant parfois par une toux mal contrôlée ou même en intervenant, sans le vouloir vraiment, et puis on est entre nous, on se connaît, non ? L'entendre dicter un télégramme était un moment de bonheur : Béatrice Odile Nestor deux fois, Élise plus loin Anatole Noémie deux fois Élise deux fois, c'est-à-dire "bonne année"... Tout cela n'est pas si lointain. Un peu plus de soixante ans, à peu près. Un jour, Zélie n'a plus rien eu à faire ni à écouter. L'automatique était arrivé dans notre campagne. Les télégrammes, dont nous faisions grand usage, ont disparu aussi, comme a disparu notre mini central téléphonique, explosé par la foudre un soir d'orage. Ce n'est pourtant pas la foudre qui l'a fait disparaître. Je sais très bien quelles mains se sont emparées subrepticement de ce bel objet d'un autre temps...

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