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21/08/2011

La cafetière

Les traces de la vie, légères, éphémères. On voudrait les saisir. Les immobiliser, pour mieux les goûter. Tout va très vite. Et quand le soir arrive, avoir à nouveau les mains vides faute d'avoir pu retenir ce qui a fait la trame du jour laisse un grand sentiment de frustration. Quoi ! De cette journée qui a été bien remplie, d'activités plus ou moins utiles certes, mais qu'on a vécues dans l'énergie, de cette journée il ne me reste à peu près rien. Les plats préparés avec soin, ou trop vite, c'est du pareil au même, ont été consommés. Le linge lavé, étendu, repassé, rangé va retrouver sous peu le chemin de la corbeille sous le lavabo. Le livre lu et rendu, ou rangé sur l'étagère pas encore pleine. Certes, on a écrit, et des destinataires  plus ou moins lointains vont recevoir de nos nouvelles, les ont déjà reçues d'ailleurs. Certes ma mémoire, la vôtre aussi bien, s'est enrichie d'une minuscule strate nouvelle, mais celle-ci va être recouverte par la suivante, et l'oubli va s'installer. J'ai descendu l'escalier, traversé le jardin. J'ai arraché les mauvaises herbes dans les massifs de fleurs. J'ai cueilli la salade du soir. Mais demain, tout pareil ou presque. Alors, que voulez-vous que ma mémoire retienne ? Il y a si peu à retenir... C'est ainsi que la vie s'effiloche. Oui, mais hier, j'ai dessiné la vieille cafetière posée sur le guéridon, et les branches de laurier en attente de bouture. La cafetière était devant moi. Je lisais un journal. En relevant la tête, j'ai vu la cafetière sur le guéridon comme je ne l'avais pas vue auparavant. Mon petit dessin maladroit marque à jamais, dans mon esprit, le moment où je l'ai fait. Je sais comment était la lumière, et aussi quelle musique j'écoutais alors. La main agissante conforte la mémoire.  

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