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15/12/2011

Encore une histoire de mémoire...

Un jour, on parlera de moi au passé. On dira "elle était"", "elle disait", "elle aimait", puis on oubliera, jusqu'à mon nom et mon existence. Le maillon que je représente dans la chaîne humaine n'est pas plus important que ceux qui l'ont précédés et pas plus que ne le seront les suivants. Au moment de m'endormir, hier soir, ces pensées banales ont occupé mon esprit pendant longtemps. Ces jours merveilleux, ces années d'activités intenses, ces bonheurs modestes et pourtant inouïs, tout va s'effacer. C'est la loi de notre condition d'homme, si peu intéressante au regard de l'infinité et de la vastitude du monde. Mes vêtements jetés ou donnés, mes livres, mes chers livres mis en carton, provisoirement, puis peu à peu perdus, abîmés, ou repartis dans le circuit des livres d'occasion. Mes archives personnelles, papiers, écrits, photographies et autres documents deviendront inutiles parce qu'illisibles, parce que jamais classées et traitées. Je réfléchis à ce que je suis, à ma place au milieu des milliards de gens que nous sommes. Une place tellement minuscule qu'elle est invisible. Inutile de regimber, c'est le propre de notre condition que de disparaître, à tout jamais invisible. Je songe à ces ossements retrouvés dans les fouilles archéologiques. Des gens qui ont été comme moi, comme nous, vivants, aimants, réduits à des ossements que les archéologues étudient avec passion, comme si c'était important. Dans la tranchée ouverte, je vois en passant ces vestiges moyenâgeux, j'ai une pensée pour ce qu'ils ont été, et dont on ne sait rien. Ils s'inscrivent dans ma mémoire, malgré leur anonymat, et leur silence. 

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