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15/03/2012

Les actualités

Les informations (on ne disait pas les "infos") nous parvenaient par la TSF. Le gros poste (et son voyant vert en forme d'éventail qui clignotait aux changements de fréquence) n'avait guère d'autre utilité. La réception n'était pas bonne, le son crachotait, sifflait, c'était plus agaçant que plaisant. Mais à l'heure des informations, pour ne ajouter à cette confusion sonore, les enfants devaient se taire. Pendant longtemps, j'ai détesté l'heure des informations à la radio, heure qui ne revenait, me semble-t-il, que trois fois par jour, l'actualité était moins pressante qu'aujourd'hui. Complémentaires de la radio étaient les actualités au cinéma. Il fallait aller au chef-lieu, où le cinéma "le Foyer", tenu par des bénévoles, je crois, nous offrait ces fameuses projections des actualités de la semaine. Nous n'allions pas au cinéma très souvent, plutôt en hiver, et seulement si le film était pour tout public, ou recommandé par le Pèlerin ou la Vie. La salle était tapissée de panneaux d'agglomérés de quelque chose qui ressemblait à de la paille, simplement peints en blanc. On racontait qu'un crépi était prévu, mais qu'on avait préféré conserver les panneaux en l'état parce qu'ils donnaient une bonne acoustique à la salle. Vrai ? Je ne sais pas. C'était un cinéma assez pauvre, une ou deux séances par semaine. Pour mon père, le seul intérêt du déplacement résidait dans ces fameuses actualités. Visions rapides de catastrophes, mariages et couronnement royaux, ce dont mon père se fichait, déclarations pontifiantes des hommes politiques. Hormis les princesses et les reines, peu de femmes à l'écran, sauf si l'une d'elles s'était illustrée par un exploit, de préférence sportif. Ces images distillées au compte-goutte marquaient les mémoires. Je me souviens de New-York dans les glaces, des inondations en Hollande, des soeurs Dionne, du couronnement de la queen, des présidents de conseil bedonnants, de Vincent Auriol et de sa fille Jacqueline aviatrice, de René Coty et de sa femme dont on ne disait pas qu'elle était la première dame de France, ce qu'elle n'était pas du tout, de toutes les façons. Le début de la séance était annoncé par une sonnerie assez semblable à celle des passages à niveau de ce temps là, grêle, un peu désolante. Nous arrivions au cinéma jamais complètement en retard (on aurait raté les actualités,  impensable, autant ne pas se déplacer !) mais jamais en avance non plus, donc juste au moment de la sonnerie, quelques minutes avant le noir.

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