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12/04/2012

Elle, la nuit

Insomniaque, elle se levait la nuit, buvait du café à 3 h. du matin, pour se réconforter. La boisson chaude et sucrée lui faisait du bien. Quelquefois retournait se coucher, et parvenait à se rendormir. Mais souvent, elle gagnait le petit bureau, et travaillait, correspondance, comptabilité, interminables additions chuchotées, une voix imperceptible à 2 mètres, inséparable de cette image que j'ai d'elle, penchée sur ses papiers en désordre, toujours en désordre. Une solitude silencieuse, quasi sacrée, qu'à cette heure nocturne puis seulement matinale personne ne venait déranger. Un peu plus tard, le vrai café du matin, frais, parfumé, pris avec le reste de la maisonnée, venait récompenser ces heures de travail solitaire. "J'ai bien avancé mes comptes", disait-elle, satisfaite, oubliant l'insomnie. Elle ne beurrait pas ses tartines comme les autres, mais cassait le pain en petits morceaux, l'imbibait de café dans la petite cuillère, ou directement dans le bol, et le mangeait après avoir déposé une lichette de beurre sur chaque bouchée brûlante. Je ne savais pas, alors, que ça ne durerait pas, le café la nuit, les additions chuchotées, le bureau en désordre, c'était comme une image quasi éternelle, la sécurité de l'enfance. Qu'il a fallu apprendre à perdre.

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