27/05/2012
Bienveillance
"Se retrancher dans la forteresse de la vie privée", selon les mots que j'emprunte à Julius Margolin (Voyage au pays des Ze-ka), en les détournant de leur contexte, est une tentation permanente, mais erronée. La vie privée est aussi fragile et exposée que la vie publique, et il ne se passe guère de jour sans que grincements, frottements, déceptions ne viennent amocher ce que l'on croyait protégé. Il faut sans cesse travailler à retrouver l'harmonie, malmenée par la malveillance, ou peut-être la fatigue, ou l'envie. Sans doute faudrait-il faire tomber les murs des forteresses et apaiser les regards. Les graines de la discorde sont si fines qu'elles se glissent dans le moindre interstice et vont former, très vite, les véritables murailles de nos forteresses personnelles. Le repli sur soi est une tentation, bien que l'on sache qu'il n'existe pas de protection contre les tempêtes des relations humaines, qui pourtant ne sont pas inévitables. Il faudrait "juste" bannir la malveillance, et lui préférer la bienveillance. Laisser de côté l'ironie, et ne pratiquer l'humour que sur soi, etc... De toute évidence, ce programme de perfection est impossible à mettre en œuvre, ni dans sa totalité ni même en partie. C'est seulement une aspiration, un souhait, un vœu, un désir, que sais-je ! Ce vers quoi on tend, par amour, ou simplement par désir d'être bien. Désir légitime d'harmonie et de paix. L'incompréhensible est là : pourquoi continuer à donner (et recevoir) des coups de griffes ? Les conflits font couler plus d'encre que la paix dans les familles et entre les peuples...
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