Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/06/2012

"Voyage au pays des Ze-ka"

Julius Margolin, Voyage au pays des Ze-ka, le Bruit du temps

Drôle de voyage que raconte l'auteur. Installé en Palestine, avant la seconde guerre mondiale, il séjourne pour raison familiale à Lodz (Pologne), en 1939, où il est arrêté par les soviétiques, pour défaut de passeport (alors que le pays annexé par l'Allemagne n'existe plus en tant que tel...). Il est condamné, après un faux procès, à 5 ans d'emprisonnement dans les camps. Le livre raconte par le menu ces 5 années d'enfer. La lecture en est par moment insoutenable. Grand livre, par l'ampleur du récit, la profondeur de la réflexion. Récit très maîtrisé, qui ne sombre jamais dans le pathos (il y aurait pourtant de quoi !), tenu de bout en bout par une sorte de tension entre l'effarante situation des prisonniers, affamés, gelés, et l'absurdité du système concentrationnaire du régime soviétique. Des hommes souffrants de tous les maux, coupés du monde, contraints à des tâches exténuantes et sans doute inutiles. Ce n'est pas une lecture facile. Il est nécessaire de réviser ses notions de géographie et d'histoire de ces années sombres pour parvenir à comprendre le déroulement des événements qui vont conduire Margolin dans cet enfer absolu. Des populations entières chassées de leurs territoires, livrées au bon (mauvais) vouloir de régimes politiques dont furent victimes, au premier chef, les juifs. Il est impossible de résumer ce livre de 780 pages, qu'on ne lâche pas avant de l'avoir terminé, et qui ensuite chemine dans l'esprit du lecteur. On se demande, quelques décennies plus tard, comment de tels événements ont pu se produire, sans avoir jamais de réponse valable. On peut en saisir le déroulement, pas les raisons, sinon celles de la folie des pouvoirs absolus. Cette lecture ne laisse pas le lecteur tout à fait indemne. C'est un récit majeur sur cette période, et qui va hanter pour longtemps la mémoire.

Les commentaires sont fermés.