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13/10/2012

"Sauvegarde", journal de Imre Kertèsz, Actes sud

De passage dans une grande librairie du Sud, ma main s'est posée sur ce livre et j'ai lu les premières lignes de ce journal :" en principe, je peux commencer à taper. J'aimerai enregistrer ce fichier sous le nom de "fichier secret". Ces mots datent du 18 mars 2001. L'auteur est atteint de la maladie de Parkinson et commence à utiliser un ordinateur pour pouvoir continuer à écrire malgré la maladie. À cette même époque, ayant acheté mon premier ordinateur portable, j'ai commencé à écrire une sorte de journal, comme pour apprivoiser cet appareil dont je ne savais pas bien à quoi il allait me servir... Le rapprochement s'arrête là ! Kertèsz, juif hongrois, malade, écrit ce qu'il pense être son dernier roman, sur lequel il travaille depuis 13 ans. Le journal couvre 2 années : on y suit les progrès de la maladie, la vieillesse, les affres de la création, l'hostilité de ses compatriotes, l'antisémitisme, l'attribution du prix Nobel, source de soucis et de ruptures avec certains de ses amis. 200 pages, souvent elliptiques (l'auteur sait de quoi il parle, le lecteur pas vraiment), qui nous éclairent un peu sur la vie intellectuelle hongroise. Kertèsz se sent un peu comme Thomas Bernhard en Autriche, même si les raisons ne sont pas exactement les mêmes. L'auteur a été interné à 15 ans à Auschwitz puis Buchenwald, et cette "expérience" l'a profondément marqué. Il ne supporte pas le nationalisme hongrois et est trop souvent confronté à la bétise et à la haine. Ce journal est celui d'un homme désenchanté, malade, mais sauvé par l'écriture. Au moment de l'attribution du prix Nobel, pris par une quantité d'obligations plus ou moins mondaines et obligatoires, il note "l'écriture me manque tant que j'en suis malade"... "il y a que je n'écris pas; ma vie n'a pas de sens, je me vis comme un étranger". Cet homme harcelé par la maladie, la vieillesse, la méchanceté des hommes, ne vit littéralement que par l'écriture. 

Commentaires

Kertès était programmé pour la mort., il a survécu, et après, ça n'a été guère mieux, son arrivée à Berlin en 2002 lui permettra seulement "d'habiter dans la rue où j'ai toujours voulu habiter" (d'après le journal La Croix de ce jour).
Tu dis , en le citant, qu'il ne vit que par l'écriture. Sait-il que ses lecteurs vivent en le lisant ?

Écrit par : Martine | 25/10/2012

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