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23/03/2013

Marcel Cohen, "Sur la scène intérieure"

À partir de quelques menus objets, "objets familiers, synonymes d'aveuglement, nous ne les regardons plus et ils ne disent que la force de l'habitude", "trouver une forme pour l'informe". L'informe, ce sont les années de guerre et les disparus dans les camps nazis, parents, grands-parents, soeur, oncles, de l'auteur. Chaque chapitre de ce court livre est une stèle du souvenir, pour chacun des disparus. Souvenirs ténus, étayés par quelques objets, humbles, sauvés du désastre par miracle : un coquetier qui a perdu ses couleurs, une pochette de cuir, un violon déglingué, une résille. Mystère des survivances de la mémoire, visuelle et olfactive. Le costume trois pièces de l'un, le frou-frou des jupes longues d'une autre, et l'entêtant souvenir de l'eau de cologne J-M Farina. Le plus étrange, pour moi, est que la mémoire de ces juifs d'Istambul est aussi la mémoire quasi universelle d'une époque, la mémoire des gestes familiers. La gomina dans les cheveux, le mouchoir caché dans la manche, le flacon à facettes de l'eau de Cologne, et même la légende familiale, quasi inouïe de ce bébé "mort de frayeur" dans son berceau. Le sous-titre du livre est "Faits". Ce livre est implacable : voilà les faits. Rien de plus. Mais à travers ce récit, tout est dit de l'infamie nazie, de la souffrance des disparus et des survivants, en l'occurrence du survivant, l'auteur, sans aucun pathos, aucun larmoiement, sans vindicte

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