11/06/2015
Fourbi
Du fourbi partout. Des cartons pleins et oubliés. Des étagères surchargées. L'encombrement partout. C'est comme une marée qui ne redescendrait jamais. Mais jeter, c'est perdre une partie de soi. Même si une certaine austérité contrôlée fait partie de mon quotidien, le dépouillement, connais pas. Pourtant, l'accumulation n'est pas si négative que ça. C'est le terreau dont se nourrit l'imaginaire, ou plutôt l'affectif. Besoin d'être rassurée. C'est une illusion, bien sûr. Ma muraille est de pacotille. Muraille tout de même, je ne lui demande rien d'autre.
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09/06/2015
Ombres (28)
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08/06/2015
Le tafé...
Il y avait deux ou trois pauvresses qui faisaient partie des pratiques charitables de ma mère. L'une d'elles passait régulièrement quémander "un peu de tafé", s'il vous plaît, et du "tautiton". Nini avait un petit défaut de langue qui a marqué nos mémoires d'enfants. Sa consœur de misère arrivait les soirs d'hiver à l'heure de la soupe. "Julienne, vous prendrez bien la soupe avec nous ?" disait ma généreuse mère. Je dis généreuse, pas pour la soupe, mais parce que Julienne sentait horriblement mauvais. On lui attribuait toujours la même chaise, à elle seule réservée. Je suppose qu'à sa mort on a brûlé la chaise définitivement empuantie. Que faire d'autre ? On ne lui a jamais proposé de prendre une douche, on l'aurait vexée, et elle se serait privé de ce petit réconfort de soupe et de fromage, réconfort dont elle avait bien besoin.
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05/06/2015
Destins
Vu deux photographies d'artistes, le même jour. L'un très connu, encensé, muséifié de son vivant, artiste de 95 ans au faîte de la gloire, Soulages. L'autre, Marcel Bascoulard, inconnu de moi jusqu'à ce jour, l'allure d'un clochard, habillé en femme. Un personnage curieux, abîmé par la vie (sa mère a tué son père, ce n'est pas rien tout de même !), connu des habitants de Bourges car on le voyait circuler dans la ville, dessinant avec la plus extrême précision les rues et les monuments. Vendant ses dessins pour survivre (qui a profité de sa pauvreté, de son dénuement ?). Et un jour assassiné, lui aussi, dans un terrain vague. Les cahiers dessinés viennent de lui consacrer une monographie, et quelques pièces sont exposées à la Halle St Pierre à Paris. Deux vies d'artistes, deux destins.
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