Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/01/2014

Écritures

IMG_7694 copie.jpg

Des centaines de recettes, recopiées dans de grands cahiers aux reliures à l'ancienne, comme des registres administratifs. Recopiées sans ordre précis, au jour le jour, traces d'une époque où l'on n'aimait pas découper les journaux ou les magazines qui circulaient de mains en mains, mains de ménagères qui avaient le souci permanent de nourrir au mieux et à moindre frais des familles entières, ou minuscules découpages tout de même, collés avec soin. Des pages et des pages d'écritures, au stylo bille, les noms des recettes quelquefois soulignés en rouge. Des ajouts dans les marges, pour la cuisinière toujours à l'affût de trucs et astuces permettant d'améliorer sa pratique. Remplir les cahiers était une activité personnelle, dont aucun de ses proches ne se souvient. Elle ne s'intéressait qu'aux recettes qu'elle était susceptible de réaliser. Pas de denrées rares ou exotiques. Le thon vient d'une boîte, comme les fonds d'artichaut. Le cahier de recettes est une occupation de l'après-midi. Une fois la vaisselle faite, rangée, le sol balayé, elle peut se consacrer à ses écritures personnelles. En somme, à travers ses cahiers, elle écrit sa vie : nourrir sa famille, avec bonheur, faire avec les moyens du bord, dépenser le moins possible, utiliser les restes. Il y a des recettes qu'elle ne fera peut-être pas, mais peut-être si. Tout est là. Dans son cahier, elle écrit le possible de la vie, de sa vie, pour elle seule. Elle s'apaise dans ses écritures secrètes, où il y a bien plus que des recettes. Comment ne pas y voir, outre son intérêt pour la cuisine, une ouverture sur l'avenir ?

 

Les commentaires sont fermés.