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15/12/2011

Encore une histoire de mémoire...

Un jour, on parlera de moi au passé. On dira "elle était"", "elle disait", "elle aimait", puis on oubliera, jusqu'à mon nom et mon existence. Le maillon que je représente dans la chaîne humaine n'est pas plus important que ceux qui l'ont précédés et pas plus que ne le seront les suivants. Au moment de m'endormir, hier soir, ces pensées banales ont occupé mon esprit pendant longtemps. Ces jours merveilleux, ces années d'activités intenses, ces bonheurs modestes et pourtant inouïs, tout va s'effacer. C'est la loi de notre condition d'homme, si peu intéressante au regard de l'infinité et de la vastitude du monde. Mes vêtements jetés ou donnés, mes livres, mes chers livres mis en carton, provisoirement, puis peu à peu perdus, abîmés, ou repartis dans le circuit des livres d'occasion. Mes archives personnelles, papiers, écrits, photographies et autres documents deviendront inutiles parce qu'illisibles, parce que jamais classées et traitées. Je réfléchis à ce que je suis, à ma place au milieu des milliards de gens que nous sommes. Une place tellement minuscule qu'elle est invisible. Inutile de regimber, c'est le propre de notre condition que de disparaître, à tout jamais invisible. Je songe à ces ossements retrouvés dans les fouilles archéologiques. Des gens qui ont été comme moi, comme nous, vivants, aimants, réduits à des ossements que les archéologues étudient avec passion, comme si c'était important. Dans la tranchée ouverte, je vois en passant ces vestiges moyenâgeux, j'ai une pensée pour ce qu'ils ont été, et dont on ne sait rien. Ils s'inscrivent dans ma mémoire, malgré leur anonymat, et leur silence. 

14/12/2011

Sur la route

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13/12/2011

Pour moi toute seule, dit-elle

Un seul me suffira, c'est pour moi toute seule... Elle se souvient de ces mots entendus dans une bibliothèque publique. À la bibliothécaire qui expliquait avec grand sérieux, à une dame d'apparence modeste, vêtue d'une blouse de nylon à fleurs, qu'elle pouvait emprunter 6 livres, la vieille dame avait répondu en souriant :"un seul me suffira, c'est pour moi toute seule". Elle avait ôté son manteau en entrant dans la bibliothèque, l'avait accroché avec soin au porte-manteau, et s'était présentée dans sa blouse de nylon bleue au bureau des inscriptions. Oui, un seul livre, mais comment allait-elle le choisir ?   

12/12/2011

Les vieilles personnes

C'est un privilège des vieilles personnes, qui ont beaucoup vécu, que de pouvoir évoquer le passé. Les vieilles personnes radotent un peu, rabâchant toujours les mêmes histoires. Elles agacent, les vieilles personnes. Elles ont beau savoir qu'elles feraient mieux de se taire, elles ne peuvent s'empêcher de parler. Parler pour dire si peu. En apparence. Car elles savent beaucoup de choses. Mais personne n'a envie de les entendre, ces choses du passé. Ces leçons moralisantes. Ces anecdotes d'un autre temps. Ces souvenirs à moitié effacés des mémoires. Et gna gna gna. Et gna gna gna... Les vieilles personnes essaient  vainement de se taire, de parler, leurs trottinements usent le linoléum des salles à manger désertées, la vaisselle se casse comme qui dirait toute seule, les livres sont morts sous la poussière. Mais il y a cet enfant lointain, qui, dans le délabrement des mémoires, fait entendre sa voix, encore et encore, chuchotis de bonheurs anciens, ne l'entendez-vous pas, cet enfant, à travers les mots chevrotants des vieilles personnes ?