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10/04/2012

Cuisine

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09/04/2012

Avril

Déjà les pétales de cerisier tombent au moindre souffle d'air. Neige fugace d'un avril frileux.

08/04/2012

Jaune, c'est jaune

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07/04/2012

"J'ai réussi à rester en vie", Oates

Les livres que je qualifierais de deuil, écrits après la mort d'un être aimé, pullulent. Que se soit à propos de la mort d'une mère, d'un conjoint, d'un enfant, les Roland Barthes, Albert Cohen, Philippe Forrest, Joan Didion, Camille Laurens, et beaucoup d'autres ont cherché à dire, avec leurs mots, leur amour perdu. Joyce Carol Oates, dans J'ai réussi à rester en vie, ed. Ph. Rey, raconte à la fois la douleur, infinie, et l'homme qui a été son mari pendant 47 ans (et 25 jours, précise-t-elle...), portrait en creux, par l'absence. Oates découvre la condition de "veuve", le "tourbillon infini du veuvage". Des mois d'insomnies, de tranquillisants auxquels elle craint de devenir dépendante, des mois d'exploration de ce qui fût leur vie commune, vie d'intellectuels américains, écrivains, éditeurs, critiques, universitaires. Le chagrin extrême se dit par bribes. Par menues anecdotes, relation  de moments heureux, que l'on ne retrouvera jamais. Le mari de JCO (c'est elle qui se mentionne par ces initiales) était aussi un fin jardinier. Au début du livre, p.23, elle écrit "le jardinier est l'optimiste par excellence. Il ne croit pas seulement que l'avenir lui livrera le fruit de ses efforts, il croit en l'avenir". Et dans un des derniers chapitres du livre, elle décide de reprendre le jardin de son mari, consacrant ses faibles forces à planter des fleurs. Le jardin, comme lieu où elle retrouve le mieux l'esprit du disparu, et qui va l'aider à "rester en vie", après avoir beaucoup rodé autour de la tentation du suicide. C'est un livre douloureux, qui touche le lecteur, le trouble, car le deuil est vraiment ce que nous avons tous en commun. Des touches d'ironie viennent adoucir le propos. Je découvre une coutume américaine pour moi stupéfiante : l'endeuillé croule sous une avalanche de "corbeilles de condoléances", des fleurs bien sûr, mais aussi mets fins, biscuits, chocolats, dont la liste (p. 125) m'a donné un début de fou rire, tant cela semble saugrenu. La veuve, qui se sent "fautive" d'être en vie, met toute cette coûteuse épicerie fine à la poubelle, ne parvenant à se nourrir que de soupes en boîtes. Le titre du livre est juste : Oates apprend à rester en vie, d'une manière sinueuse, incertaine, mais qui prouve que la vie est plus forte que tout. Elle réapprend à vivre, seule, autrement, grâce au soutien de ses amis, attentifs, présents, secourables. Le livre s'achève sur une anecdote plutôt drôle : dans la poubelle éventrée par un raton laveur, elle retrouve ses boucles d'oreilles, jetées par inadvertance. Il est beaucoup question de poubelles dans ce livre, comme si jeter permettait de construire de nouvelles bases à une vie apparemment dévastée. Pendant des mois, il lui a été "très difficile d'ouvrir les yeux le matin", abrutie par les médicaments. Et puis, une nuit, enfin, elle dort 7 heures d'affilée, sans somnifère, mais elle a au réveil l'amer sentiment d'abandonner son mari. C'est ainsi : elle reste en vie, malgré le chagrin, et on entrevoit une renaissance heureuse, malgré la mort.