Le défunt, le chat, les héritiers

Le défunt avait un chat très aimé. La maison une fois fermée, les héritiers décidèrent de le laisser vivre dans ces lieux qui lui étaient familiers. Ils aménagèrent une chatière, et vinrent chaque jour nourrir la bestiole. Comme un hommage à sa fidélité, au fait qu'elle avait adouci les vieux jours de leur aïeul. Les héritiers maintenant hésitent à investir la maison. Ils ont enlevé les denrées périssables, jeté les vieux vêtements, pour le reste, ils attendent. Ils viennent tondre la petite pelouse devant la maison, arroser les géraniums. Ils ont taillé le tilleul au printemps. Ils prennent soin de la maison, comme le faisait le vieux Cucre. Mais portes et fenêtres restent fermées.

Savoir

On croit savoir mais on ne sait rien. L'Histoire, les dates, les conférences, les accords, les armées en marche, les tsunamis et les explosions nucléaires. Et puis quoi ? Nous, toujours les mêmes, plantés là, indécis, immobiles, d'un seul coup sachant ne rien savoir. Le vent fait tourbillonner les premières feuilles mortes, déjà, en plein été. On regarde, on oublie ce que l'on regarde. Temps mort et pourtant la vie va son chemin, sans nous, sans nous.

Entendues, volées, petites phrases

Tout n'est pas nécessairement assez

Les gens se sentent seuls quand ils rêvent

Citation

…j'écrivis des poèmes, essayant d'éclairer la nuit plutôt que de chanter dans le noir.

Claude Roy, Permis de séjour, p.9