Discours

Il y a partout, des discours connus usés archi-usés. Qui ne trompent personne mais que l'on ressert chaque jour comme un plat frais.

Le loup Gilbert

Il vit seul dans sa petite maison. À 80 ans, il n'a plus grand chose à attendre. Sa voisine la plus proche est morte. Sa nièce, sa seule famille, vient le voir régulièrement. Il ne demande rien. C'est un homme paisible, taciturne. Au fil des années, son jardin rétrécit. Il ressemble de plus en plus à son père, celui qui possédait un mulet, et était lui aussi un taiseux. Sa mère n'était pas causante non plus, mauvais caractère et fâchée avec tout le monde. D'ici peu, le vieil homme solitaire ira finir ses jours à la maison de retraite du chef-lieu. Il y retrouvera d'autres vieux du village, exilés de chez eux par la solitude, l'âge, la maladie. Je le vois rarement, nos chemins ne se croisent guère. Mais sa silhouette un peu tassée m'est familière, comme son béret éternellement vissé sur le crâne, à croire qu'il dort avec.

Banalités

Banalités : s'exclamer "Mon Dieu comme le temps passe !" en revoyant quelqu'un que l'on croyait encore enfant et qui est devenu presque un adulte. "L"enfant" sourit, avec condescendance, mais n'en pense pas moins. Il a bien raison, l'enfant devenu grand. Ce qu'il ne sait pas c'est qu'un jour, pas si lointain, lui aussi prendra la mesure du temps qui passe à la taille des enfants devenus grands à leur tour.

Entendues, volées, petites phrases

Comment peut-on voir la lumière si on ne voit pas l'ombre en même temps ?

On ne sourit pas au loup, il croit qu'on veut se battre...