14/02/2015
Famille
À la crémerie, la dame avant moi fait ses provisions pour l'arrivée de ses petits-enfants. Elle engrange de quoi nourrir un bataillon d'affamés. Elle a fait le plein chez la volaillère, chez le marchand d'olives et autres douceurs salées ou sucrées. Les files d'attente profitent de ses commentaires aux commerçants, branchés en réponse automatique. Toute ronde, toute chargée de ses victuailles, la dame rayonne : enfin elle va pouvoir donner toute sa mesure de grand-mère nourricière. Pendant quelques jours, elle va reprendre vie et se dépenser pour une famille qui lui rend visite une fois par an, parce que les vacances de février sont un temps mort pour tous ceux qui ne partent pas à la neige (trop loin, trop cher, pas le goût pour ça), autant venir se faire dorloter par mamie. Sauf que petits et grands seront excédés avant la fin de la semaine. Quand ils repartiront, le frigo sera vide et mamie soulagée de pouvoir retrouver sa sieste dans son fauteuil préféré, sa solitude à laquelle elle s'est finalement habituée, et les fins de journée devant la télévision et ses jeux débiles. Elle va poser sur le buffet les photographies de ces 6 jours de folie. Comme ils sont mignons ces petits ! Elle va chérir leur souvenir d'enfants à tout jamais sages sur les photographies, et seulement sur les photographies. Transmutation à tout prendre bienheureuse : c'est son petit capital de bonheur, un peu vrai, beaucoup inventé. Ainsi va la vie des familles...
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13/02/2015
Humeur, encore
À certains moments, impossible de ne pas se sentir bête. On devine vaguement que l'on est dans l'erreur, trompé, floué. On ne sait pas vraiment ce que cachent les discours. On sait seulement que l'affichage est trop beau pour être vrai. C'en est indécent, et les bétassous que nous sommes attendent je ne sais quoi de nouveau, en grinçant des dents, seule vague manifestation de colère.
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10/02/2015
Mémoire familiale
La mémoire familiale est assez courte. Je peux évoquer mon arrière grand-père (côté paternel), parce que quelques traces subsistent : je connais son écriture, grâce à son livre de comptes journaliers, miraculeusement conservé, et je sais quel hameau il habitait, au xix° siècle. De mon arrière grand-mère, je sais qu'elle ne savait ni lire ni écrire. Au bas de l'acte notarié par lequel les deux époux cédaient leur petit bien à leurs deux filles, il est noté que mon arrière grand-mère n'a pu signer l'acte, "ne le sachant pas". L'autre branche paternelle m'est plus inconnue, quoique... Mon arrière grand-père Marc a déshérité son fils, mon grand-père. Cette honte suffit à rendre vivante cette époque pas si lointaine, un peu plus d'un siècle me sépare de cette sombre histoire. Mais je ne sais pas pourquoi l'autre arrière grand-père (Pierre) a marié sa fille de 17 ans à un homme notoirement doux et faible. Elle avait de l'énergie pour deux, mais n'a pas pu éviter la faillite de leur commerce (encore une honte...). Ils ont vécu 25 ans ensemble, jusqu'à sa mort prématurée à lui, d'une cirrhose du foie. Elle lui a survécu 6 ans, jusqu'à la grippe espagnole. J'ai une tendresse lointaine pour cette grand-mère courageuse que sa fille aînée (un peu pimbêche) n'aimait pas beaucoup, mais que son fils (mon père) vénérait.
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09/02/2015
Entendues, volées, petites phrases...
Nul homme ne peut traverser la vie sans revers. Il faut apprendre à vivre avec ses échecs.
La lecture, pour se regarder soi-même de façon différente
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