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17/05/2014

Jardin

Il faut lire les traités de jardinage avec la foi des vieux croyants. Au moins. Le jardin, c'est comme une chose rêvée. Un idéal inaccessible, mais auquel la croyance donne de la réalité. C'est de l'histoire sainte, belle et fabuleuse histoire. Encore mieux que la légende dorée, les histoires de jardinage donnent espoir. L'amateur de jardins suit scrupuleusement les conseils. Sème au bon moment. Arrose à la bonne heure, ni trop, ni trop peu. Bine, parce qu'un bon binage vaut deux arrosages. Dépierre, ou pas. S'épuise à amender la terre ingrate. Observe le calendrier lunaire, sait qu'il y a des jours feuilles ou racines. La conduite d'un jardin semble relever de la mission impossible, ou presque. Mais quels que soient les résultats, le jardin apaise. Occupé au vivant, le jardinier entre, sinon dans l'éternité, en tout cas dans un temps qui le dépasse. Il n'en verra pas le bout, le jardin lui survivra.

16/05/2014

Citations

"Arrivé à un certain moment de sa vie, on s'aperçoit qu'on passe ses journées en compagnie des morts autant qu'en celle des vivants" (p.120)

"La lecture de roman policier, un remède efficace, un baume contre le stress et l'anxiété chronique" (p.150)

Paul Auster, Le diable par la queue, Babel

15/05/2014

Mémoire

Il y avait le cliquetis de la machine à écrire, le grincement de la porte de l'armoire sur le palier, le vrombissement du pédalier de la machine à coudre, les voix animées et grondantes, partout. Disparu, tout cela. Comme va disparaître... quoi exactement ? Je ne peux rien identifier dans les bruits d'aujourd'hui qui auraient la même force que ces choses du passé. Les sons d'aujourd'hui, neutres, impersonnels. Rien ne remplace les émotions de l'enfance. J'entendrai jusqu'à mon dernier souffle le brouhaha des voix derrière moi, assise à l'écart sur le perron couvert, un peu cachée, à l'écoute de ces sons connus par lesquels je pouvais deviner ce qui se passait et que je ne voyais pas. Les bruits de vaisselle entrechoquée, les remontrances du cuisinier, et aussi des rires. Jamais de chansons, pas le temps, et pas le moment. Entre dedans et dehors, j'écoutais les bruits de la grande maison, les bruits des autres, et les grillons de l'été. Je me souviens de tout, même si tout a disparu.

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12/05/2014

Matin

Un bruit lointain de voix. Une radio. Les mots sont incompréhensibles, cela n'a pas d'importance, ils ne me sont pas destinés. Ils ne troublent même pas ma quiétude. Matin tranquille et serein, avant une nouvelle journée emplie de corvées diverses. Mais pas tout de suite. Pour l'heure, l'esprit encore occupé par le roman (anglais) que je viens de terminer. Un gros roman, 600 pages... Admirative de la persévérance de ces auteurs capables de tenir le fil d'une histoire sur de telles distances. À la clé, une écriture serrée, du vocabulaire, des tournures de phrases plutôt recherchées, sans excès, et même des adjectifs à foison, trop souvent considérés comme des facilités d'expression. Du style, tout bonnement, que l'on peut aimer, ou détester. Bienheureuses heures de lecture, déconnectées de la radio et du bruit du monde qu'elle nous transmet, bruit menteur, mais ce que je viens de lire, adjectifs compris, est la vie. La vraie vie.

(à propos de La voie radieuse, de Margaret Drabble, ed. Phébus)