21/06/2014
L'été
C'était l'été. Toutes les petites filles étaient chaussées de sandalettes ou d'espadrilles de toile blanche, couleur éminemment fragile. La corvée de l'été consistait à restaurer, au quotidien, cet état de blancheur. On utilisait pour cela une pâte qui marquait les mains et les pieds lorsqu'elle pénétrait un peu trop dans la toile. Taches très faciles à nettoyer, c'était une pâte à l'eau. À quel moment ont disparu les sandalettes blanches et la pâte à blanchir ? Aucune idée. Les petites filles d'aujourd'hui ne connaissent pas les contraintes de l'entretien des chaussures de toile blanche.
07:42 Publié dans Avant | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
20/06/2014
La reine
Les dames âgées s'habillent en noir, en beige ou en blanc. Sauf la reine d'Angleterre. Normal, c'est la reine. Elle doit être vue.
08:23 Publié dans Chronique sans faits divers | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
19/06/2014
Calme
Je ne bouge pas. J'observe. Les mains au repos. L'écureuil de l'autre côté du grillage. La petite grenouille passée des framboisiers aux salades. Les pies chamailleuses. Les merles, très occupés, voleurs de graines et amateurs de vers. Un minuscule oiseau chante, et s'il n'était pas à trois pas de moi, je n'aurai jamais cru qu'un si petit gosier puisse produire un son aussi puissant. Je ne bouge pas. Je respire les effluves du laurier sauce dans la chaleur de l'après-midi. Je ne bouge pas. Le monde est à moi.
08:24 Publié dans Chronique sans faits divers | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
18/06/2014
Qui (que) sommes nous ?
Comment se définir ? On peut dire : le métier, l'âge, la taille, yeux bleus/yeux noirs, l'ascendance, la descendance. Mais comment dire ce que l'on est, au fond ? Impossible ou presque. J'admire ceux qui peuvent s'affirmer "écrivain" "poète" "artiste" "soudeur". Les mots définissent leur fonction dans le monde, fonction revendiquée et reconnue. Fonction agissante. Dynamique. Qui va du de dedans vers le dehors. Fonction admirable. Mais tous les autres... Je lis dans une revue qu'une dame, paysagiste de son état, se définit aussi comme "promeneuse et cuisinière". C'est rassurant. Ce qui pourrait n'être pas grand chose (tout le monde marche et tout le monde sait cuire une oeuf) devient fonction majeure. Une affirmation d'être au monde. Ça donne à réfléchir.
08:23 Publié dans Chronique sans faits divers | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer