22/05/2014
Orage
Terrible orage dans la nuit. Pluie intense. Crépitements sur le toit, sur le ciment du balcon. Immobile sous la couette, j'écoute tous ces bruits de fin du monde. Petite peur stupide. Ce n'est pas la fin du monde. Juste un rappel, ou un signal, qu'il faut savoir comprendre. Nous ne sommes maîtres de rien. La nature, même si on ne sait pas trop ce que recouvre le mot nature, est plus forte que nous. On se construit des refuges, les plus douillets possibles, dans l'espoir d'échapper aux désastres dont on sait qu'ils sont toujours à venir. Lorsque l'orage s'apaise, on se rendort dans le silence à nouveau audible, apaisé, au moins pour un temps.
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20/05/2014
La vie comme elle va
C'est un paysage de rien. De grands arbres tourmentés, une rivière molasse, des prairies inondées 3 fois par an, et dans la rue des petites maisons aux noms démodés (les Roseaux, les Troënes, Mon repos). De vieilles personnes habitent là. Elles trottinent pour faire leurs courses, les cabas à peine remplis mais déjà trop lourds au bout du bras. Ce que c'est que de vieillir... Un jardin vient d'être abandonné. Le jardinier est-il malade ? Plus loin, les travaux ont repris très discrètement dans une construction dont il se dit qu'elle n'est pas très légale. Les propriétaires arrogants laissent leur chien en liberté, il a mordu une dame en vélo, mais ils ont dit (les maîtres...) que ce n'était pas vrai, ou que ce n'était rien, je ne sais pas exactement. Le monsieur de la maison Palissy vit seul maintenant que sa femme est hospitalisée, définitivement. Les jours de marché, il va acheter des filets de poisson (lieux, soles, perches du nil), rien d'autre. Rentre chez lui son petit sac de plastique bleu à la main, en saluant de la tête les rares passants. C'est un paysage de rien, et des gens de rien. Enfin, comme partout.
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17/05/2014
Jardin
Il faut lire les traités de jardinage avec la foi des vieux croyants. Au moins. Le jardin, c'est comme une chose rêvée. Un idéal inaccessible, mais auquel la croyance donne de la réalité. C'est de l'histoire sainte, belle et fabuleuse histoire. Encore mieux que la légende dorée, les histoires de jardinage donnent espoir. L'amateur de jardins suit scrupuleusement les conseils. Sème au bon moment. Arrose à la bonne heure, ni trop, ni trop peu. Bine, parce qu'un bon binage vaut deux arrosages. Dépierre, ou pas. S'épuise à amender la terre ingrate. Observe le calendrier lunaire, sait qu'il y a des jours feuilles ou racines. La conduite d'un jardin semble relever de la mission impossible, ou presque. Mais quels que soient les résultats, le jardin apaise. Occupé au vivant, le jardinier entre, sinon dans l'éternité, en tout cas dans un temps qui le dépasse. Il n'en verra pas le bout, le jardin lui survivra.
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12/05/2014
Matin
Un bruit lointain de voix. Une radio. Les mots sont incompréhensibles, cela n'a pas d'importance, ils ne me sont pas destinés. Ils ne troublent même pas ma quiétude. Matin tranquille et serein, avant une nouvelle journée emplie de corvées diverses. Mais pas tout de suite. Pour l'heure, l'esprit encore occupé par le roman (anglais) que je viens de terminer. Un gros roman, 600 pages... Admirative de la persévérance de ces auteurs capables de tenir le fil d'une histoire sur de telles distances. À la clé, une écriture serrée, du vocabulaire, des tournures de phrases plutôt recherchées, sans excès, et même des adjectifs à foison, trop souvent considérés comme des facilités d'expression. Du style, tout bonnement, que l'on peut aimer, ou détester. Bienheureuses heures de lecture, déconnectées de la radio et du bruit du monde qu'elle nous transmet, bruit menteur, mais ce que je viens de lire, adjectifs compris, est la vie. La vraie vie.
(à propos de La voie radieuse, de Margaret Drabble, ed. Phébus)
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