17/12/2012
Les objets
J'entends un designer connu dire qu'il n'aime pas les objets. Il n'explique pas pourquoi, ou alors je n'ai pas écouté. Il a un discours provocateur et n'est pas gêné par ses contradictions. Il cause, tellement bien que son interlocuteur perd le fil, et se laisse noyer dans ce flot de paroles habiles. Ainsi va le monde : savoir parler donne du pouvoir. Nous sommes si nombreux à ne pas le reconnaître. Si nombreux faciles à berner. Ne pas écouter les flambeurs de paroles. Garder les mains dans la terre, la glaise, la farine, le cambouis, que sais-je ? et faire, sans paroles, ce que l'on a à faire. Seuls à pouvoir le faire. Notre bien propre, inaliénable en somme. Car personne ne peut nous enlever ce plaisir du faire, pour un résultat que nous sommes seuls à prévoir, ou espérer. Les plus belles mains sont celles qui, frémissantes de bonheur, s'activent, sans cesse.
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16/12/2012
Lire ou relire, Roger Grenier
Un peu d'ennui, de vague à l'âme, d'inappétence pour le quotidien ? Lire, ou relire Regardez la neige qui tombe, impressions de Tchékhov" (Folio), de Roger Grenier. J'ai l'impression, moi, que Roger Grenier est un homme bon, qui nous fait partager le meilleur de Tchékhov, gloire des lettres russes mais très méconnu. Je relis, à intervalles éloignés, cet essai qui n'est ni une biographie (quoique !), ni un essai critique de cette oeuvre abondante. Mais dépaysement garanti. Une plongée dans la Russie du 19° siècle, les admirations, les amours, les haines des écrivains entre eux. Avec en prime des détails du quotidien (mention pour les chiens qui s'appellent Bromure et Quinine : "quels braves gens les chiens !" disait Tchékhov). Des anecdotes, nombreuses, jamais inutiles, même si secondaires. Et surtout ce livre donne envie de lire Tchékhov, ce qui est l'essentiel.
Un détail pour la route : j'ai vu dans une bibliothèque publique la fiche d'un livre de Tchékhov, dont seules la première et la dernière lettre de ce nom étaient à la bonne place, les autres lettres étant mélangées dans un parfait désordre, formant un nom nouveau. Mais miracle de la lecture rapide, la fiche était intercalée à sa place dans l'immense tiroir métallique du fichier. Gloire aux bibliothécaires !
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15/12/2012
Entendues, volées, petites phrases
Un jour il gèle, le lendemain non
L'air du temps me donne mal à la tête
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14/12/2012
Une référence
Jean-Christophe Bailly, dans une interview accordé à Michel Butel pour L'Impossible, répond (ou non) à la question : "comment se fait-il que l'on ne soit pas complètement découragé ?". L'entretien ne peut être résumé en quelques lignes (en tout cas, moi, je ne sais pas le faire). Il apporte un éclairage bienvenu sur notre société, "notre temps troublé". Une lecture nécessaire pour ne pas se laisser ensevelir. Il évoque l'absurdité qu'il y a à vivre dans un monde dominé par des technologies que l'on ne comprend pas, dominé par l'accumulation de biens inutiles. Et la mémoire, qui n'est pas une réserve, mais "la condition à partir de laquelle il y a pensée". Les Lumières, les réseaux, qui nous privent de liberté... Quelques pages denses, qui ouvrent des portes, beaucoup de portes.
L'Impossible, mensuel, n°9, novembre 2012. (Une invention de Michel Butel, infatigable)
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