17/04/2012
Attendre
Toujours attendre. Attendre en piaffant d'impatience. Que la pluie vienne. Que la pluie cesse. Qu'on en finisse avec les conflits, la vie chère, la précarité. On tend le dos en espérant que les coups ne tomberont pas sur nous. Le gris du ciel enveloppe tout, même les merles n'ont pas envie de voler haut et fouillent le sol à la recherche d'hypothétiques vers de terre, mais les merles ne formulent pas d'hypothèses, ils cherchent. À cette heure matinale, je ne sais pas quelles seront les promesses du jour, ni même s'il y aura promesses. J'attends que le jour s'installe, que le ciel s'éclaircisse, j'attends que la radio se taise, j'attends, mais sans attendre vraiment, parce que je n'y crois pas, au fond, que tout se calme, l'humeur, les conflits, le ciel menaçant. J'attends, dans l'incertitude du lendemain, que la vie continue. Pas si différente de celles de mes grands mères, les disparues éloignées dans le temps comme dans ma mémoire. Voilà ce qu'il faut savoir : la vie, en profondeur, ne change pas. Je ne m'éclaire pas à la lampe à pétrole, mais j'ai moi aussi besoin de lumière. Mes repas sont plus variés que les leurs, mais je ne mange que ce qui m'est nécessaire. La vie, fondamentalement, ne change pas. Il y a comme un fil qui nous relie au passé, par définition disparu, pas mieux que le présent, c'est sûr. Nous reste un brin d'espoir en l'avenir, par définition inconnu, il ne suffit pas d'attendre (l'attente est vaine ?) mais d'espérer (l'espoir fait vivre ?).
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16/04/2012
Entendues, volées, petites phrases
Quelquefois elle n'existe pas toujours
Les livres font des livres entre eux
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15/04/2012
Philosophie de rien
Le vert tout jeune des arbres envahit mon espace visuel. Le merle familier, proche, m'accompagne vocalement dans mon travail de jardinage. Le calme de cet après-midi est un antidote sans pareil à toutes les tristes choses que débitent à longueur de temps journaux, radios et télévisions. Comme je ne peux vivre sans voir ni entendre, ces tristes choses m'ensevelissent sous une masse tellement lourde qu'elle pourrait bien me clouer au sol, tétanisée d'angoisse, pour aujourd'hui, pour demain, pour toujours. L'odeur de la terre mouillée, un peu glaiseuse sous mes doigts pas très agiles mais déterminés, et le chant du merle tout là-haut, je ne le vois même pas au milieu des arbres, me remettent d'aplomb et redonnent à ma journée son vrai sens. Moi, dans ce monde, impuissante, inquiète, mais à ma place. Pas plus. Pas moins.
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14/04/2012
Poupon
Le mot poupon ne s'emploie plus guère. Je le trouve dans un roman policier d'Alexandra Marinina, La 7ème victime, à la page 93. Il s'agit d'un minuscule poupon de celluloïd, sans doute très semblable à ceux avec lesquels j'ai joué enfant, tellement minuscule que poupon et garde-robe (bouts de chiffons maintenus de fils de couleur, pas même cousus) tenaient dans une boîte de Kalmine, médicament favori de ma mère contre les migraines. Des gros cachets ronds, enrobés d'une sorte de membrane en pain azyme, qu'il fallait tremper rapidement dans une boisson pour pouvoir les avaler sans trop de peine. Trop mouillés, ils se désagrégeaient. Il fallait faire vite. Je garde un vif souvenir de ces cachets, bien sûr, mais surtout du poupon, de sa garde-robe, de la boîte de Kalmine. Jouets sans valeur que je regrette de ne plus avoir. Mais les aurais-je devant moi aujourd'hui, seraient-ils aussi vivants que dans mon souvenir ?
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