Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/10/2011

La coopé

Mélina. À droite en entrant, la cuisine. En face, l'escalier des chambres. À gauche, l'épicerie : d'abord, tout de suite à main droite, une grande huche dans laquelle sont entassés les paquets de pâtes Croix de Savoie. Au dessus, sur une planche, la laine à tricoter. Après, toujours à main droite en suivant le mur, pêle-mêle, la mercerie, le chocolat, le sucre, les lampes de poche. Aussi les stylos à bille, les plumes, le papier à lettres. Au fond, des boîtes, mystérieuses. À côté de la fenêtre le vin, l'huile à la pompe, les conserves. Vers la seconde fenêtre, à main gauche cette fois-ci, la droguerie, balais, cirages, lessives, serpillières, lacets de coton et de cuir. Sur la banque, pendant longtemps dans une boîte les carnets au nom des coopérateurs. Il y a tout un système de timbres et de ristournes. J'achetai à la coopé des bouchées au chocolat de la marque Cémoi, toutes rondes et bombées, fourrées au fondant blanc. Et des biscuits BN pour le goûter, dont mon père disait qu'ils lui rappelaient les biscuits militaires.

15:13 Publié dans Avant | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer

18/10/2011

Transhumance, la vraie

44.jpg

Je me souviens des bruits et des odeurs de la transhumance des moutons. Crotte, suint, urine, voilà pour les odeurs. Les bruits : le bêlement des bêtes (les troupeaux étaient énormes, on parlait de 3 ou 4000 têtes), les sifflets et les cris brefs des bergers, le piétinement sourd de ces milliers de pattes... Le passage des troupeaux était une petite fête. Bien sûr, il fallait courir pour protéger les fleurs devant la maison, mais avez-vous déjà vu un mouton dédaigner une possible nourriture à sa portée ? La tâche était pour ainsi dire impossible. On se dépéchait de préparer le café, que les bergers buvaient rapidement avant de rejoindre le troupeau en courant, après un échange rapide de nouvelles et de considérations diverses. Mes parents connaissaient bien certains d'entre eux, qui leur prêtaient parfois de l'argent. Même leurs noms étaient singuliers : Ismaël, Clovis... À l'arrière venaient les ânes et les mulets, chargés des provisions pour l'été. Arrivée, retour, le passage des moutons marquait la saison. Pourquoi ai-je l'impression d'avoir toujours été présente lors de ces transhumances ? Et quels regrets, malgré les fleurs massacrées, d'avoir vu un jour passer les moutons dans d'énormes camions à claire-voie. C'en était fini de l'attente des automobilistes à l'arrière des troupeaux, pendant des kilomètres. Seul le bon vouloir du berger, qui jaugeait le conducteur d'un seul coup d'œil, permettait de remonter très lentement la marée des bêtes. Mais je parle d'un temps où la circulation était peu importante. Lorsque celle-ci a augmenté, les camions à bétails sont arrivés. Ainsi vont les choses.

08:07 Publié dans Avant | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer

17/10/2011

Vision

Apparition de conte de fée : le visage d’une petite fille dans une voiture. Derrière la vitre. Visage rond, souriant, aux traits fins, auréolé d’une chevelure tout en boucles blondes/rousses. Image indélébile. Presque une vision.

16/10/2011

Énigme

29.jpg

Des visages graves. Pas un sourire. L'anonymat d'une photo de groupe. Quelles sont ces personnes qui posent devant l'objectif ? On leur a bien expliqué qu'il ne fallait pas bouger. Obéissants, ils n'ont pas bougé. La photographie date de 1890, à peu près. 2 de mes lointains parents, grand-oncle, ou cousin (on ne dit pas grand-cousin, dommage) ont excercé la profession de photographe ambulant. Ils parcouraient l'Europe, photographiaient les employés de manufactures, les états majors, les écoliers, les ouvriers de chantiers navals, pour le compte du studio David à Levallois. Quelques tirages ont échoué dans le grenier, oubliés, anonymes, à quelques exceptions près. C'est un monde sévère, le monde du XIXème siècle, et il se dégage de ces quelques trente photographies une impression de rigidité, d'austérité. Bien sûr, le temps de pause ne permet pas la spontanéité des expressions. Mais on peut imaginer l'organisation de la photo, l'emplacement des personnes, qui sans doute obéit à une stricte hiérarchie, les recommandations, tout ce cérémonial qui accompagnait la prise de vue à la chambre, lourd matériel que les photographes devaient manipuler à longueur de journée. Il a fallu aussi attendre que la lumière soit favorable, ou que la pluie cesse... La photographie, agrandie en 30X40, devait être encadrée dans le bureau du directeur, image parfaite de la fabrique, et chacun des employés savait que son image faisait partie de l'histoire de l'entreprise.