Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/03/2012

A propos de "Premier bilan après l'apocalypse"

Dans ce livre, Beigbeder établit la liste de ses 100 livres préférés, son "top 100", liste dans laquelle je ne me retrouve pas vraiment. C'est normal, la distance qui me sépare de cet écrivain est à peu près égale à celle qui sépare la terre de la lune. C'est un homme qui a le sens des formules : "je ne crois pas en Dieu, je crois en Blondin". Dans l'introduction, il défend le livre papier contre le tout numérique (l'apocalypse, donc), avec une belle force de conviction. Je partage son inquiétude, au moins sur le syndrome de déconcentration qui frappe les utilisateurs d'ordinateurs, liseuses, tablettes, tous lecteurs zappeurs. Mais je ne partage pas son pessimisme. Je suis avec toute l'attention dont je suis capable (pas encore frappée du syndrome évoqué plus haut) les évolutions du numérique, dont je suis, comme tout le monde, utilisatrice au quotidien. Un jour j'aurai une liseuse, pour avoir sous la main mon top 100 personnel (et plus). Mais comme le disaient il y a 2 ans je crois les deux compères Eco et Carrière, je ne suis pas prête à jeter mes livres. Il y a ce mystère de l'objet visible, manipulable, accessible sans l'intermédiaire d'une machine, cette plongée dans l'épaisseur physique du livre. Dans mon enfance, on disait très sérieusement qu'en l'an 2000, on se nourrirait de pilules, et que c'en serait fini des cuisines salissantes et des corvées de pluches de légumes. Que le progrès, c'était ça. Je sais donc, par expérience, que ce qui est prédit à son de trompe ne se réalisera pas exactement comme le disent les prophètes. J'attends avec confiance ce futur par nature inconnu, persuadée que les surprises arriveront là où on ne les attend pas. Pour le moment, mes livres ne tombent pas en panne de batterie, et je visualise sans intermédiaire autre que mes lunettes mes auteurs préférés, et les autres. Ils sont ma mémoire ouverte, sans défaillance technique. Avoir perdu des fichiers informatiques par maladresse ou par agonie de la machine ne m'empêche pas de continuer à utiliser l'ordinateur, sans réelle méfiance. L'apocalypse ne me semble pas immédiat, ni même possible. Mais je peux me tromper, devineresse à la manque, comme les autres. N'est pas devin qui veut. En attendant, lisons, quels que soient les supports.  

26/03/2012

Lumière

Hésiter entre un mot et un autre. Se dire que de toute façon la journée a mal commencé. Que toute attente est vaine. Que la maladresse est reine. Que l'impuissance fait déborder les fleuves et les rivières. Et que nos yeux eux-mêmes ne savent plus regarder le soleil levant, pourtant étincelant. Il est temps, grand temps, de cesser de rêvasser à  des jours meilleurs, qui ne viendront pas, jamais. Le temps de maintenant est la bouée salvatrice : réapprendre à nos yeux à regarder le soleil levant. Assécher les inondations d'une injonction bien carrée. Traverser pieds nus la prairie qui demain sera en fleurs. Se dire enfin que la journée ne commence ni bien ni mal, elle commence, c'est tout, et que sans doute elle ne tiendra aucune de ses promesses, pas plus que celle d'hier, ou, pire, parce que nos espoirs en elle sont encore plus grand, celle de demain. Portés par le flux invariable du temps, on croit qu'on avance... alors que nos pieds ne font que creuser le sol dur tant nous le piétinons avec passion. Mais d'avancée, point. Et cependant, toujours le soleil, ou le gris du ciel, cependant toujours la lumière, souveraine.

25/03/2012

Vieux auteurs

Je les croyais oubliés, définitivement, ces auteurs d'autrefois. Mais des gens, à l'abri dans leurs bureaux bourrés de livres, en peine de nouveautés vraiment nouvelles, se sont souvenus de l'adage selon lequel ce sont dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes, et hop !... Les voilà, les vieux auteurs : Pierre Benoit tient compagnie à Léon Bloy, avec Anatole France en témoin de résurrection. Je me dis qu'il y a de l'espoir pour tous les statufiés remisés au grenier des Vieux Succès. J'imagine même le pire : à quand le renouveau de Gilbert Cesbron, de Pierre Lermitte, de Thyde Monnier, ou même... de Daniel-Rops ? Le recyclage infini de la littérature lancé comme des bouées dans le flôt des parutions hebdomadaires. Derrière ces noms flotte encore une aura de célébrité, autant d'économisé sur la publicité. Enfin, je m'énerve pour rien. Je me souviens des bibliothèques publiques de ma jeunesse ou Pierre Benoit et ses héroïnes en A s'étalaient sur un bon mètre de rayonnage, déjà bien installées (les héroïnes) dans la poussière. Et de beaucoup d'autres hommes de lettres, ou de femmes, moins nombreuses toutefois. Il n'y a pas si longtemps que les femmes ont coincé le bout de leur soulier fin dans la porte entrebaillée de l'Académie Française. Et pour tenir rang dans ces vieilleries dépoussiérées, il faut au moins être de l'Académie Française. Les femmes ont un train de retard. Mais Pierre Benoit a eu l'insigne honneur d'être le n° 1 de la collection du livre de poche. Ça vous classe un auteur, non ? Je suppose qu'il en reste quelque chose dans la mémoire collective. C'est quelqu'un qui nous est familier, il fait partie des meubles, sans que l'on sache exactement qui il est, mais peu importe. Je vais guetter les prochains exhumés, l'édition est comme la marée, il y a des mouvements qui reviennent inlassablement.

24/03/2012

Le printemps

La lumière, les couleurs, les odeurs, les chants d'oiseaux, et ce froid de l'air qui n'en finit pas, charmeur, trompeur, incomparable, insurpassable, le printemps. Fleurissent les jonquilles, les violettes, les pervenches, les forsythias, les pâquerettes n'en finissent pas de pâquereter, les lilas débourrent. Les saules sont déjà verts. Les arbres à fleurs attendent encore un peu, sauf les prunus, et les pommiers du japon, dans leur brume rose et rouge. Tout le monde voit cela. Comment dire tout le printemps sans être ridicule ?