Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/03/2013

Marcel Cohen, "Sur la scène intérieure"

À partir de quelques menus objets, "objets familiers, synonymes d'aveuglement, nous ne les regardons plus et ils ne disent que la force de l'habitude", "trouver une forme pour l'informe". L'informe, ce sont les années de guerre et les disparus dans les camps nazis, parents, grands-parents, soeur, oncles, de l'auteur. Chaque chapitre de ce court livre est une stèle du souvenir, pour chacun des disparus. Souvenirs ténus, étayés par quelques objets, humbles, sauvés du désastre par miracle : un coquetier qui a perdu ses couleurs, une pochette de cuir, un violon déglingué, une résille. Mystère des survivances de la mémoire, visuelle et olfactive. Le costume trois pièces de l'un, le frou-frou des jupes longues d'une autre, et l'entêtant souvenir de l'eau de cologne J-M Farina. Le plus étrange, pour moi, est que la mémoire de ces juifs d'Istambul est aussi la mémoire quasi universelle d'une époque, la mémoire des gestes familiers. La gomina dans les cheveux, le mouchoir caché dans la manche, le flacon à facettes de l'eau de Cologne, et même la légende familiale, quasi inouïe de ce bébé "mort de frayeur" dans son berceau. Le sous-titre du livre est "Faits". Ce livre est implacable : voilà les faits. Rien de plus. Mais à travers ce récit, tout est dit de l'infamie nazie, de la souffrance des disparus et des survivants, en l'occurrence du survivant, l'auteur, sans aucun pathos, aucun larmoiement, sans vindicte

21/03/2013

Archéologie (8)

037.jpg

Ils regardent leur père qui prend la photo. Ils passent tout leur temps libre sur le chantier, actifs à leur façon. Transportant un outil pour l'un ou l'autre, transmettant les consignes de leur père aux mêmes. Mesurant les progrès de la construction, si lents !, jouant à cache-cache dans les parties terminées. Ils savent déjà, ou sauront bientôt, les proportions idéales du ciment, du sable et de l'eau. Courant au milieu des pierres, pour quelques mots à dire à leur mère, ou apportant les casse-croûte, le vin, le café. Quatre enfants nés et grandis dans un chantier interminable. Mes frères et soeurs, nés et grandis à une époque où je n'étais pas, ce dont j'ai toujours eu regret.


 

07:54 Publié dans Avant | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer

20/03/2013

Fable

Pierre Rabhi raconte cette fable (africaine, je crois), pleine de sagesse, et que je rapporte de mémoire, donc imparfaitement : "La forêt est en feu. Le colibri prend une goutte d'eau dans son bec et la jette sur le feu. Il ne cesse ses allées et venues. Le tatou intrigué lui dit : et tu crois qu'avec tes gouttes d'eau tu vas éteindre l'incendie ? Le colibri lui répond : non, mais j'aurai fait ma part". Ce "j'aurai fait ma part" m'ouvre un champ de réflexion assez réjouissant. Au moins, faire sa part. Laquelle ? À chacun de voir, d'inventer. Ces trois petits mots "faire sa part" redonne du sens à la vie. Ce n'est pas une part qui nous est impartie par quelque autorité. Non, une part par nous inventée, construite, infime part du monde, je vous l'accorde, mais que nous seuls avons la possibilité de créer. C'est comme le "pierre à pierre construis ta maison, mon ami", vieille réminiscence... Pourquoi se décourager ?

19/03/2013

Entendues, volées, petites phrases

Il faut se sortir le cul des ronces

Plus tu sais, et plus tu sais que tu ne sais pas