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08/12/2013

Ce qui est écrit ?

Ce qu'il nous reste à vivre n'est pas écrit. Constat très banal, sur lequel il est inutile de gloser. Peut-être affirmer avec Proust (on a des lettres !) "nous disons bien que l'heure de notre mort est incertaine, mais disant cela..." etc. Cet espace inconnu qui avance devant nous peut susciter les pires angoisses (la fin de l'aventure est programmée), ou pour les esprits plus enjoués ou plus positifs, se traduire pas de nouvelles possibilités. Ce qu'il nous reste à vivre n'est pas écrit, certes, mais selon une formule que j'affectionne, "tant que nous vivons, vivons !".

07/12/2013

Hiver

L'hiver est un monde de souvenirs. Le réconfort de la chaleur par temps froid marque davantage l'imagination que la grande chaleur de l'été. Notre maison, autrefois, était froide, trop vaste pour être chauffée convenablement. Tous les habitants du village avaient des poêles à bois. La fumée légère montant au-dessus des habitations était rassurante. La vieille tante d'Espagne ne chauffait que sa cuisine, où elle se tenait tout le jour, sauf lorsqu'elle se rendait chez l'un ou l'autre de ses neveux, pour, selon les heures, jouer à la belote ou aider à quelque affaire de cuisine. Le minuscule foyer de sa cuisinière à bois n'acceptait que des bûches de 20 cm, que venait couper et fendre un homme prénommé Firmin, un peu simple d'esprit, mais très serviable. Je n'ai jamais entendu cette  veille tante, toujours vêtue de jupes de laine qu'elle tricotait inlassablement, se plaindre du froid ou de l'inconfort de sa maison. Sa grande préoccupation en hiver était l'entretien du sentier, qu'il fallait dégager s'il neigeait, et recouvrir de cendres pour éviter les glissades. Elle est morte chez elle, la bienheureuse, veillée et soignée par une nièce à peine plus jeune qu'elle. Je crois que j'aimerais vivre dans une cuisine chauffée par la cuisinière à bois. J'entends encore le bruit des cercles de métal qu'elle ôtait pour y poser sa gamelle de soupe ou le fricot du déjeuner. Bruit aussi rassurant que l'odeur de la fumée de bois. C'est ainsi qu'un enfant perçoit l'ordre des choses. Sons et odeurs, permanence, tranquillité.

05/12/2013

Le vieil homme

Le vieux Mathais remontait lentement la pente, s'arrêtant tous les dix pas, le corps usé, chancelant, la goutte au nez, tout le temps. Un pas grand chose socialement, mais très gentil et dévoué à mes parents comme pas permis. Il descendait matin et soir à "l'usine", terme bien pompeux pour désigner le baraquement qui abritait la turbine électrique installée sur le torrent dans les années 20 par mon père. Mathais était chargé de nettoyer la grille au bout du canal de dérivation, sans cesse encombrée de feuilles et de débris de bois. Mais en automne, il fallait descendre plusieurs fois dans la journée. Tant de feuilles tombées ! Pour les autres corvées de l'usine, Mathais n'était pas fiable. Graisser ou régler la courroie de l'alternateur incombait à d'autres. Mathais avait eu une autre vie, avant. Cordonnier de métier, puis ouvrier agricole, un peu maltraité dans une ferme isolée, un peu porté sur la bouteille, il se considérait comme heureux d'avoir à s'occuper tranquillement des poules, des cochons, du jardin, de la grille de l'usine. Petit homme sec, doué d'un grand appétit, pour qui nous tricotions écharpes ou pulls à Noël, nous ne sommes plus que quelques personnes à nous en souvenir. Une vie effacée, sans traces. Mais dans ma mémoire, demeurent ses gestes doux pour m'offrir un oeuf frais pondu à gober en cachette ou un bouquet de fraises des bois, cueillies en remontant de l'usine.

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04/12/2013

Entendues, volées, petites phrases

Le jour tombe, pas sûr qu'il se relève

Il ne faut pas jouer les petites saintes en bois