Le matin... (encore)

Un temps entre parenthèses. Un instant de tranquillité, de repos. D'où vient cette grâce si rare qu'elle semble imméritée, cadeau octroyé par ce qu'on appelle, faute de mieux, la chance. Le gris du jour naissant commence à se dissiper, au-delà des grands arbres de mon voisin, arbres qui ferment l'horizon. Confortablement installée, livres, cahier et stylo à portée de main, je me laisse voguer dans ce temps précieux, préservée du bruit du monde, mais parfaitement concentrée sur l'essentiel.

Jeu incomplet ?

On (vous, moi, tout le monde) a reçu un jeu de cartes. À nous de nous débrouiller avec ça. Mais personne ne nous a avertit que le jeu est peut-être incomplet. Ou les cartes truquées. Et longtemps après avoir commencé la partie, on découvre le pot aux roses, trop tard. C'est fichu. Alors, on biaise, on triche. Quelquefois ça marche. Mais le mieux est de mettre les cartes à la poubelle, et trouver et mettre en branle d'autres ressources, plus secrètes, qui ne relèvent pas du jeu de la divination.

Le chaos

Le chaos arrive si vite. Il faut faire attention à tout. Les murailles ne sont pas si solides que ça. Dans l'enfance, on ne doutait de rien. Mais cet autrefois a disparu, et maintenant, on sait. On sait qu'il suffit d'un dérapage inattendu, d'une parole incendiaire ou d'un obstacle soudain infranchissable. La vie s'effondre. Tout ce qui semblait harmonieux, équilibré, vacille, se disjoint et s'écroule. Le chaos arrive si vite. 

Apprendre, mais oui

J'aime bien les Lagarde et Michard. Peu à peu, je reconstitue ma collection. Je ne comprends pas les critiques formulées sur ces ouvrages. Ils ont été les bons compagnons de mes années de lycée, en m'ouvrant des horizons de lecture, à l'époque où il n'était pas si facile de découvrir des auteurs. Il y avait peu de livres chez moi, et en tout cas pas des classiques. Je ne me souviens pas qu'il y ait eu une bibliothèque pour les élèves, au lycée. Ces messieurs Lagarde et Michard m'ont livré des noms, des chronologies, des titres, des extraits de textes, ces extraits tant décriés mais qui donnaient envie de lire le texte intégral. Au siècle d'avant Internet, ces histoires de la littérature donnaient un tableau assez fidèle du monde littéraire et de la culture dite classique. Il manque encore à ma collection reconstituée le XX° siècle, et quand je l'aurai en main, je retrouverai quelque chose de mon exaltation adolescente.