18/02/2014
À cloche-pied
Froisser le papier avant de le mettre dans le foyer du poêle, chaque matin. Et à chaque fois avoir l'oeil alerté par des articles parcourus distraitement en leur temps. Le journal froissé ce matin remonte à août 2013. "D'où écrivez-vous ?" disait le titre. Et un commentaire dans un encadré très journalistique évoquait "l'histoire personnelle qui infuse jusqu'au bout de la plume". Cette image d'infusion me ravit. Elle évoque la petite tambouille de la tisane du soir, l'eau frémissante versée sur les feuilles sèches, la théière en porcelaine blanche, la passette, le bol léger, le pot de miel. Et l'infusion de l'écriture dans tout ça ? Tout pareil : les rituels de chacun, vieillots pour les uns, dont moi, attachée au papier et au stylo, ou plus moderne, clavier, tablette... Mais quand même, pour les comme pour les autres, les rituels demeurent. Écrire dans son lit comme Colette, au café comme Nathalie Sarraute, dans une cabane de jardin. Tôt le matin, quand tout le monde dort. Ou la nuit. Quelque chose s'inscrit dans les gestes, ça ne peut pas marcher autrement. Et si pour une raison quelconque le rendez-vous est manqué, c'est fichu, et ça énerve. Écrire, c'est vivre deux fois, dit un écrivain connu (enfin, il me semble que c'est ce qu'il a dit, au cours d'une interview très rapide). Et quand la deuxième vie, celle de l'écriture, vient à manquer, la première va à cloche-pied.
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17/02/2014
Vocabulaire
Buller/ne rien faire/flemmarder/bayer aux corneilles/se prélasser/rêvasser/oublier l'urgence/se reposer/procrastiner (qualité maximum)/mettre ses doigts de pieds en éventail/enfin faire l'autruche, la tête dans le sable...
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11/02/2014
Petite philosophie de rien...
La vie est faite de coups, de piques et de griffures. C'est, et ce n'est pas, l'envers de la vie. Essentiel et quasi invisible. Ce n'est rien, "c'est pas grave" comme disent les enfants. Pourtant les petites plaies suintent à force d'être grattées et ne guérissent pas. Les chagrins s'accumulent, pesante charge où se dissout le goût de vivre. Où pourrait se dissoudre... C'est une expérience commune, d'une consternante banalité. Certains la vivent mieux, grâce à l'image qu'ils ont d'eux-mêmes. Être fier de soi rend capable d'ignorer les coups de griffes et de poings. C'est une grâce, en effet. Les autres souffrent, se taisent et pleurent, lâchement. Ils ne savent pas honorer le contrat de la vie.
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08/02/2014
Pépite
Toujours émue par un paysage de neige, réel ou représenté. Émotion comme un reliquat venu de l'enfance, quand la neige était bonheur et non tracas. C'était magique de se tenir derrière la fenêtre du salon, la tête en l'air collée à la vitre, et de se laisser envahir par les flocons, jusqu'à en avoir la tête qui tournait, et comme c'était doux le silence de la neige. C'est un souvenir pépite, que l'esprit orpailleur détecte et amasse. Les bonheurs anciens sont toujours présents.
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