23/05/2013
Attendre
Attendre ne me déplaît pas. On me dit que c'est du temps perdu, et que le temps est trop précieux pour être perdu. Sauf que, pour moi, ces intervalles de temps passés à attendre ne sont jamais perdus. Attendre un train, l'heure d'un rendez-vous, un bus, l'arrivée d'une amie, est l'occasion de regarder, d'observer. Les paysages, les gens, la végétation, la circulation... Hier, ayant choisi un train lent au lieu du train très rapide pour gagner la capitale, j'ai passé deux heures délicieuses à lire la "Gazette des jardins", où j'ai glané ceci : "Je suis très vieux, ce qui compte pour moi est d'être joyeux", parole d'un vieux japonais. Et l'auteur de l'article ajoutait ses commentaires :"vieux rime avec joyeux, pas avec peureux", et : "seul le temps vécu compte". Le petit train traversait des villages aux noms inconnus, quelquefois s'arrêtait. À sa vitesse tranquille, je pouvais observer, quittant ma lecture quelques instants, les jardins soignés, les rues désertes, les usines abandonnées, les cultures noyées d'eau et gâchées. Je n'étais pas dans le temps perdu, mais dans le temps vécu. Je n'ai pas perdu mon temps, j'ai gagné, presque à mon insu, en connaissance de l'usage du monde.
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19/05/2013
Printemps (suite)
Misère de printemps. Pluie et froid, donc Pentecôte pourrie. Pas d'Esprit Saint apparaissant dans les frondaisons. L'Esprit Saint est-il sensible aux intempéries ? Bête question, donc pas de réponse. Il reste qu'il fait froid, que le moral général est tombé dans la boue, et que l'on se sent abandonné, un peu triste. Envie de chandail, de châle, de coin du feu, de lecture. Nous voilà rendus à des activités automnales, en lieu et place de déjeuners au soleil. Rien de très inhabituel sans doute, mais le dire n'est pas consolant. La sagesse ne tient pas à quelques paroles lénifiantes. Il faut seulement apprendre à modifier ses projets, et s'adapter. Et guetter : qui sait si, finalement, l'Esprit Saint ne finira pas par se montrer ? L'épicier de la place des Anciens Combattants (si, ça existe !) a répondu à mes commentaires sur la chaleur (absente) par un laconique et percutant "c'est une espérance qu'il faut abandonner"... Quelles autres espérances nous reste-t-il, je me le demande...
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18/05/2013
Refus
Tenter de garder intact sa capacité à refuser. À ne pas croire. À exercer son esprit critique. Quand on voit ces faces de carême qui ont préché la vertu et qui se révèlent tout aussi pleines de turpitudes que vous et moi (un peu plus tout de même !), il y a matière à réfléchir, à ne rien croire des balivernes qui ornent comme des guirlandes de noël (brillantes mais inutiles), tous les médias possibles. Mais pas besoin de se mettre en colère et de s'abîmer le foie. Ainsi va le monde, et ce n'est pas près de s'arrêter. Consolation du matin : alors que le baromètre et au plus bas, le soleil éclaire avec douceur les pâquerettes de mon voisin (et les miennes, mais lui en a plus !). Un merle rendu muet par le paquet de brindilles dans son bec sautille sur une branche du cerisier dont les derniers pétales parsèment l'herbe trop haute. Mais les pommiers dans leur gloire blanche illuminent le jardin.
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16/05/2013
La toile des souvenirs
Un concentré de souvenirs, mais non seulement d'événements que j'aurais pu vivre. Une histoire d'ondes concentriques. À partir du point de choc les ondes successives dessinent cette carte invisible où je pourrais, si j'en prenais le temps, repérer les points forts de ce qui fut l'existence des disparus, et la mienne à un certain moment, celui de la jeunesse.
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