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31/10/2011

Moutons

Dans le pré, sur l'autre versant de la vallée, un petit troupeau de moutons. Ils ont l'air d'avoir tous le même âge… une tâche rose sur la tête, et de grandes lettres bleues sur le dos, imprimées sur les toisons. Au passage des promeneurs, ils se sauvent tous ensemble, comme de bons moutons. Leurs bêlements s'entendent de loin. Quelques ânes, plus loin, se vautrent dans l'herbe. On ne peut les approcher, leur enclos est éloigné du chemin. Un ânon, déjà grand, tête sa mère. Il a encore la toison laineuse des petits ânes, malgré sa taille.

30/10/2011

Chrysanthèmes

Cette année, nous ferons la tournée des cimetières, pratique abandonnée depuis 2 ans. Ce n'est pas vraiment nécessaire, je sais. C'est une façon de marquer, pour moi-même et personne d'autre, la continuité de mon histoire. De là, je viens. Parents, grands-parents, frère, sœurs, cousins. Ils ont entouré mon enfance. Il me reste leur souvenir. Au seuil de ma propre vieillesse, je vais, d'un bouquet de fleurs, saluer leur mémoire. C'est tout. Il y aura aussi la promenade au milieu des vignes, les bords du lac, les montagnes, la lumière et les couleurs de l'automne, et je ne sais pas ce qui, de la promenade ou des cimetières, importe le plus.

29/10/2011

Main courante

Consigner des faits, des idées, le tout sans grand intérêt, au jour le jour. Quelquefois je m'arrête, cela n'a pas de sens. J'efface. Je jette. Rien ne transparaît de la puissance de la vie, de ses coups de butoir, incessants. Comment dire cela, sans larmoiements. Comment dire que tous ces petits faits auxquels on s'accroche masquent l'essentiel. Mais, toujours, je, nous, préférons nous occuper de faits-divers anodins, pour ne pas trop voir ce qui nous dérange, le chaos habituel de la vie. Tellement quotidien aussi qu'on voudrait lui tourner le dos. Mais il arrive quelquefois, que par une grâce venue d'on ne sait où, la vision presque claire du chaos fait surface. C'est une autre appréhension du monde rendue possible. Et au milieu des visions de désastres, se mettre à aimer la vie, parce que c'est notre seul bien, et que là est notre vérité. Je peux alors reprendre mon ouvrage, ma petite broderie du réel, y reprendre goût, fil bleu, fil rouge, point droit, passé empiétant, de tige. La prairie fleurit, enfin.  

27/10/2011

Mémoire ?

Les livres lus dont on ne se souvient pas. Enfin, dont moi, je ne me souviens pas... Je me plains de ma mauvaise mémoire, de ma distraction, que sais-je ? Mais si ce n'était pas moi la responsable de cet effacement ? Et si c'était les livres eux-mêmes, certains livres, jamais écrits pour rester dans les mémoires ? Oubli salutaire finalement. Je pourrais faire l'économie de ces lectures oubliables. Mais il faut du discernement pour choisir ses lectures. Je dois reconnaître que certains jours j'avance plutôt dans le brouillard que dans la clarté. Parce que bombardée d'informations venues de partout, donc de nulle part. "On" vous dit que... "On" affirme que machin est le génie de l'année. Tous ces "on" perturbent mon jugement et d'ailleurs je ne peux formuler un avis sans avoir lu le livre, non ? Si, je peux. Parce que j'ai déjà lu, beaucoup, et que mes lectures antérieures m'ouvrent en permanence des voies sûres, que je suis capable de reconnaître. Sauf que : plus fort que tout, les prescriptions insidieuses portées par le bruit du monde envahissent mon esprit et brouillent ma boussole interne. Fatiguée de ces embrouillaminis, je prends une fois de plus la ferme résolution de suivre mon instinct de vieille tortue, qui connaît de l'intérieur les chemins à prendre. Pour, au bout du compte, construire ma propre cabane au fond du jardin, construction inventée de mes découvertes et passions,  née de mes lectures hétéroclites. Celles qui nourrissent mon imaginaire. Celles qui me donnent envie d'écrire. Celles qui me racontent le monde. Ma cabane au fond du jardin est une caverne d'Ali Baba, à peine éclairée mais visible de loin. Ne pas oublier ceci : il me suffit d'ouvrir les yeux, et de rester en éveil.