Faire

J'aime la notion de "faire". Partir d'un matériau anodin et le transformer. Bricolages permanents, portés par le désir de réaliser un objet qui n'existait pas encore. En filigrane, derrière l'activité de mes 10 doigts, il y a l'envie de changer (un peu) l'état du monde, de lui insuffler ce qui me semble être de l'harmonie, peut-être de la beauté, si j'ai la chance avec moi. Car cette petite activité ne fonctionne pas toujours comme je voudrais. Ça ne marche pas à chaque fois, car mes apprentissages ont été maladroits, hasardeux. Ce que je fais, ou tente de faire, est sans grande envergure créative. Pourtant, ma tête et mes mains y trouvent leur compte : d'où vient que, en faisant, on se trouve dans un état de quasi-plénitude ? Les gros soucis ou les petits ennuis sont repoussés vers des frontières lointaines. Mais, agissant sur une feuille de papier, un morceau de bois ou un métrage de tissu, c'est en moi que je travaille. C'est à la fois ingrat -les résultats sont souvent décevants- et magique. Pendant quelques heures, le monde est à ma main...

Sourions

Aquoibonisme

L'aquoibonisme est une maladie qui frappe à tout âge. Mais peut-être un peu plus lorsque l'âge, justement, ralentit vos désirs et votre capacité à agir, et même vos gestes les plus simples. Heureusement, il y a des remèdes, ou des contrepoids, comme on veut, qui changent la donne : ayant visité il y a quelques jours l'exposition des "Belles heures du duc de Berry" au Louvre, je me dis que le simple fait d'avoir pu voir ces enluminures parfaites des frères Limbourg réconcilie avec la vie et ses misères. Cela ne change rien aux misères. Mais elles passent en arrière-plan. J'ai dans les yeux la beauté de ces œuvres, leur harmonie, la finesse des couleurs, la justesse de chaque trait, l'équilibre des compositions, et leur force. C'est une jouissance qui efface tous les "à quoi bon !", parce que cette jouissance, rien ni personne ne peut me l'enlever. 

Pluie du petit matin