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20/11/2012

Entendues, volées, petites phrases

Il faudrait savoir dire merci

On croit tous faire mieux que les autres 

19/11/2012

La porte

Il suffit de pouvoir fermer la porte. La porte comme une fragile (et illusoire) protection contre le dehors. Contre les autres, connus, inconnus. La porte grince légèrement, quelle que soit la pression exercée sur elle. Les bruits venant se heurter au bois et au verre en perdent leurs forces. Les maisons ont 1000 portes, celles du passé et celles du présent, qu'il faut prendre soin de fermer chaque soir pour des nuits apaisées. Les claustrophobes et les anxieux ne ferment pas leur porte. Une de mes proches laissait sa porte ouverte pour pouvoir voir arriver l'ennemi. Position qui ne laissait aucun doute sur la réalité de cet ennemi, qui pourtant, fort heureusement, n'est jamais venu. Qu'aurait-elle fait, sinon ? Il y a des gens que la question laisse indifférent, et qui s'endorment paisiblement sans jamais pousser le verrou. Gens heureux. J'aime fermer ma porte, inscrivant dans ce simple geste la différence entre le dedans et le dehors, la séparation entre moi et les autres. Quand on ne fait pas le poids face à l'univers (rien de moins...), on se débrouille comme on peut. Je ne renie pas mes peurs, je les rends juste... confortables.

17/11/2012

Fenêtre

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16/11/2012

Le temps, les voix

De ceux que l'on a aimés, on garde le souvenir d'une enveloppe charnelle, même longtemps après leur disparition. Leur allure générale, leur morphologie, leur démarche, leur corpulence. Mais on oublie leurs voix. Ou plutôt ce souvenir des voix est présent, mais évanescent, impalpable. Les êtres aimés sont devenus des images intérieures, soutenues par les photographies. Mais les voix ? On croit les entendre encore, on distingue, en se recueillant les yeux fermés, les timbres, les particularités de chacune. Mais rien de tangible. On ne dispose pas d'enregistrement qui soutiendraient ces souvenirs, comme le font les photographies. Sans parler des voix que l'on n'a jamais entendues, même si on peut reconnaître et nommer nos ancêtres sur les vieux clichés, sur guère plus de 4 générations. Et encore ! Permanence et impermanence du souvenir. Outre les photographies, quelques objets peuvent aider à rassembler des éléments d'histoires. Mais les nouvelles générations ne savent pas que ma grande lampe en laiton était la lampe à pétrole de mes arrières grands-parents, du côté de mon père, lui tisserand, elle femme au foyer, donc sans profession, bien que travailleuse de force. Lui sachant écrire, elle ne le sachant pas. Et cette table ronde, en provenance de mes grands parents maternels, côcher, maraîchers, épiciers, 36 métiers, 36 misères. Et puis quoi ? Quand bien même j'étiquetterais ces pauvres choses, comme cette dame qui archivait tous les objets de la vie courante, vêtements, lettres, photographies, avec un soin maniaque, cela n'aurait aucun sens pour mes descendants, qui, à leur tour, n'auront jamais entendu ma voix, ou en auront perdu le souvenir. Bizarrement, la pensée que tout ce qui m'entoure aujourd'hui finira au rebut dans un hangar où sont stockés les vieux objets un jour revendus ne m'attriste pas. La mémoire entre générations est si brève. Il n'est sans doute pas nécessaire de s'y attarder plus que de raison : le présent absorbe force et énergie, demande toute notre attention. Les voix absentes sont couvertes par les voix de maintenant, celles des enfants, les voix des rires, des chants, des disputes. Ils demandent, encore et encore, c'est comme une aspiration permanente de nos forces vives. Les voix oubliées et éteintes ne font pas le poids. Ne comptent plus. Et c'est bien.