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15/11/2012

Souvenir

Lisant les premières pages de "14" de Jean Echenoz, où il évoque la distribution des uniformes, me revient subitement un souvenir anodin, de ce genre de souvenir sans importance mais pourquoi s'en souvient-on ? Mystère ! J'ai porté dans ma petite enfance une pèlerine taillée dans une ancienne capote militaire ayant appartenu à mon père. J'ai eu sur le dos, pendant quelques années, un peu de tissu rescapé de la grande guerre, de la boue des tranchées et des éclats d'obus. C'était un tissu très serré, drap de laine un peu raide, qui protégeait bien du froid, mais long à sécher après la pluie ou la neige. Cette petite pèlerine à capuche que je portais sans accorder la moindre importance à son origine en raison de mon âge, taillée et cousue par ma sœur aux doigts d'or, devenue avec le temps comme un lien personnel entre une petite fille en galoches et la première guerre mondiale, dont mon père parlait souvent, pèlerine qui n'existe plus que dans mon fragile souvenir mais par laquelle j'ai effleuré un fragment d'histoire et qui a marqué mon inconscient. Il y avait sans doute eu les commentaires proférés à voix haute par les adultes, mon père, ma mère, ma sœur si habile couturière, capable de sauver ce qu'il fallait de tissu pour me confectionner un vêtement dans une capote qui, après avoir connu les tranchées, avait encore dû être utilisée par mon père, d'où ses commentaires, et expliquant sans doute la permanence dans ma mémoire de cet épisode insignifiant.

09:13 Publié dans Avant | Lien permanent | Commentaires (1) |  Imprimer

14/11/2012

Anecdote

Tout le monde peut écrire. Une plume, un bic, un crayon, un ordinateur peut-être, du papier. Tout le monde, ou presque, écrit. Feuillets cachés ou cahiers étalés. Le père de Colette s'enfermait dans son bureau pour écrire le grand oeuvre de sa vie. À sa mort, on a trouvé les fameux cahiers résultats de son prenant labeur rangés sur les étagères. Tous vierges. Pas le moindre mot. Il ne faisait que rêver d'écrire, dans une posture acceptée par les siens. Silence ! votre père écrit.

13/11/2012

Faire

Avoir un projet. Même un projet tout petit. À prendre avec sérieux. Lire Saint-Simon. Dessiner un fruit chaque jour. Ou une fleur. Classer les photos de famille, pour sortir de leur anonymat tous ces visages lointains. Venir à bout du rangement entrepris il y a des mois (et plus) et qui devient perpétuel, partie inhérente de ma personne : "je range" et tout le monde rigole. Le rangement n'existe que dans ma tête. C'est là que ça se passe. Mes mains n'y peuvent rien. C'est un "projet" qui n'avance pas. Dessiner une fleur (ou un fruit) chaque jour serait un projet susceptible d'avancer. Sauf que : à quoi bon ? Ranger sert à quelque chose. Quoique... J'ai des doutes sur l'utilité véritable de cette activité. Aucun doute sur l'importance de dessiner (ou écrire ou peindre) chaque jour. Ça ne sert à rien non plus, (et n'intéresse personne) sauf à susciter en moi un sentiment de plein bonheur. Une façon de dérober du temps au temps et cela n'a pas de prix. Juste de la reconnaissance pour tant de chances : avoir pu le faire.

12/11/2012

Matin

Se réveiller devant un paysage gris de brume. Les squelettes des arbres émergent à peine. Silence total. On hésite à allumer la radio. Ne pas troubler cette atmosphère de coton, qui disparaîtra avec le soleil, dans une heure ou deux. Il sera temps alors de renouer avec les bruits du monde. Rien de ne presse.