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01/09/2011

Broderie

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La brodeuse brodait. Pour se reposer des tâches harassantes liées aux enfants, trop nombreux, au commerce, sans répit, au jardin, heureusement saisonnier. Une broderie sans prétention, quelques motifs japonisants destinés à éclairer le devant d'un corsage de soie noire. Dans cette vie de labeur, la broderie était une fenêtre ouverte, fenêtre étroite mais fenêtre tout de même, sur ce que la vie pouvait être, aussi. Plus légère, plus harmonieuse, plus libre. Ma mère se permettait ainsi de laisser vagabonder son esprit, pendant une ou deux heures volées au temps du travail. Il ne reste pas de traces de cette activité, sauf celles-ci, conservées par elle alors même qu'elle ne portait plus le chemisier, complètement usé, depuis longtemps.

29/08/2011

L'heure perdue

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Une pendulette qui ne donnera plus jamais l'heure. Autant que je sache, elle est à l'arrêt depuis 7 ou 8 décennies. Elle me vient de ma grand-tante pieuse, qui la conservait sur sa cheminée, sans même y songer. Elle me l'a donnée de bon coeur. Après cette pendulette, j'ai récupéré d'autres horloges ou réveils, ça et là, dans les greniers et les armoires. Pour tous le temps s'est arrêté. C'est une collection (très petite !) pour rien, pour le charme des objets désuets, mais pas muette, car ils sont comme des ponctuations d'une histoire sans histoires, que chacun me raconte à sa manière, à moi seule.

23/08/2011

La boîte à boutons

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Je l'avais oubliée. Elle est restée longtemps en haut du buffet de la cuisine. Plus personne ne l'utilisait car les boutons qu'elle contenait (qu'elle contient encore) étaient dépareillés et démodés. Enfant, j'ai souvent joué avec ces boutons, j'aimais leurs formes, leurs couleurs. Un jour, en entrant dans la lingerie, je l'ai vue, derrière des piles de draps. La lingère me l'a donnée en souriant. Je n'ai pas osé réclamer aussi le corbillon en tôle peinte, celui qu'utilisait ma grand-tante lorsqu'elle venait les après-midi d'hiver, pour ravauder les chaussettes de la famille. Je la regardais manier l'oeuf de bois, et repriser, dans des tons pas toujours appropriés, un fil dessus un fil dessous, des heures durant. Depuis, le corbillon a dû être jeté.  

20/08/2011

Bilibine

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Une illustration de Bilibine, publiée au début du 20°s. en Russie, sans doute très courante à l'époque. Un oncle de mon père a vécu à St Pétersbourg pendant plusieurs années, et à son retour a laissé "en garde" quelques caisses de son déménagement chez nous (c'est dans ces caisses que j'ai cherché des livres, pendant longtemps), que personne n'a réclamé après sa mort. Et au milieu de vieilleries poussiéreuses, outre les livres, il y avait 8 cartes postales de Bilibine. Je les conserve comme un trésor, certes de peu de valeur, parce qu'elles témoignent de l'histoire lointaine d'une partie de ma famille, histoire mythifiée puisque l'oncle en question était appelé "le parrain de Russie", bienfaiteur et conseiller de mon père, entre autres. Je ne sais pas pourquoi l'oncle a conservé ces cartes postales. Avaient-elles une signification particulière, ou bien est-ce le hasard seul qui l'a poussé à ranger dans une caisse, avec d'autres papiers, ces images si évocatrices de la littérature populaire russe.

J'aime l'idée qu'un simple bout de carton imprimé, fragile, me restitue un bout d'histoire que plus personne ne connaît, à part moi.