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21/10/2011

Une lampe

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Cette antique lampe à huile était accrochée dans l'escalier menant de la cuisine (côté cour) à la salle (côté rue). Un escalier un peu sombre, dans lequel je suis souvent tombée, un escalier très raide. La lampe était accrochée en hauteur, cachée dans l'ombre, et personne ne la voyait, en tout cas personne ne pensait à elle ! Un vieil objet, inutile, qui n'avait plus sa raison d'être depuis fort longtemps. Je l'ai prise, et aucune des personnes occupant la maison alors ne s'est aperçue de rien. Un objet du XIXème siècle, qui peut-être servait de veilleuse dans cet escalier sombre, peut-être pas, je ne sais pas. En usage du temps de mes grands-parents, ou avant eux, avant qu'ils achètent cette maison en 1888. Un lumignon qui évoque un temps très lointain, où le confort était minimal, mais on ne connaissait rien d'autre. Un temps d'ombres, de lumières vacillantes, de recoins obscurs, où l'entretien des lampes demandait un travail quotidien, et plus les maisons étaient grandes et plus il y avait de lampes à nettoyer, à garnir, lampes à huile, à pétrole, bougeoirs. Objets indispensables du quotidien, oubliés ou hélas transformés en lampes électriques. J'aime les lampes, toutes les lampes.

16/10/2011

Énigme

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Des visages graves. Pas un sourire. L'anonymat d'une photo de groupe. Quelles sont ces personnes qui posent devant l'objectif ? On leur a bien expliqué qu'il ne fallait pas bouger. Obéissants, ils n'ont pas bougé. La photographie date de 1890, à peu près. 2 de mes lointains parents, grand-oncle, ou cousin (on ne dit pas grand-cousin, dommage) ont excercé la profession de photographe ambulant. Ils parcouraient l'Europe, photographiaient les employés de manufactures, les états majors, les écoliers, les ouvriers de chantiers navals, pour le compte du studio David à Levallois. Quelques tirages ont échoué dans le grenier, oubliés, anonymes, à quelques exceptions près. C'est un monde sévère, le monde du XIXème siècle, et il se dégage de ces quelques trente photographies une impression de rigidité, d'austérité. Bien sûr, le temps de pause ne permet pas la spontanéité des expressions. Mais on peut imaginer l'organisation de la photo, l'emplacement des personnes, qui sans doute obéit à une stricte hiérarchie, les recommandations, tout ce cérémonial qui accompagnait la prise de vue à la chambre, lourd matériel que les photographes devaient manipuler à longueur de journée. Il a fallu aussi attendre que la lumière soit favorable, ou que la pluie cesse... La photographie, agrandie en 30X40, devait être encadrée dans le bureau du directeur, image parfaite de la fabrique, et chacun des employés savait que son image faisait partie de l'histoire de l'entreprise.

06/10/2011

Épingles à chapeaux

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Ce genre d'épingles traîne dans tous les tiroirs des vieilles maisons. Ma mère, peut-être ma grand-mère, les ont utilisées. Ma mère ne serait jamais sortie en ville, encore dans les années 50, sans un chapeau. Le geste élégant de la main levée au dessus de la tête pour enfoncer l'épingle dans le feutre, avec toujours la crainte de se blesser avec la pointe. Pas même un regard au miroir, tant était grande l'habitude. Elle rafraîchissait ses bibis d'un ruban, d'un gros grain, d'un nuage de voilette. Mais ce qui était détestable, c'était le lourd crêpe de deuil, toujours à portée de main, prêt à servir, dans le tiroir de l'armoire. Et les deuils, ça ne manquait pas.

29/09/2011

Salonique

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Une banale boîte de cigarettes. Sauf que mon père l'a rapportée dans ses bagages, à son retour des Balkans, en 1918. Et surtout qu'il l'a conservée. Ce n'est donc pas tout à fait une boîte ordinaire. C'est un petit bout d'histoire, celle de mon père, militaire parce que c'était la guerre et qu'il n'avait pas le choix. Un infime bout d'histoire lointaine, dont je sais peu de choses. Mais je la conserve, cette boîte inutile, parce que je suis la dernière à connaître son origine. La jeter, ce serait comme rompre le fil ténu qui existe entre moi, vivant au 21ème siècle, et mon père, soldat de 14-18.