Les dames

Elles sont trois. À l'avant du bus, elles dominent le paysage et ignorent superbement les passagers assis à l'arrière. Elles n'ont d'abord parlé que de maladies, de morts (les morts des maris, quel sujet !). Puis, après l'évocation de vies sommes toutes plutôt paisibles, elles ont dérapé. Il faut savoir que, du paisible, il n'y a rien à raconter... Les Roms, les trafics (douteux !) sur le parking de la supérette, la nuit, les cambriolages, les armes, oui madame, qu'est-ce qu'ils transportent dans ces gros sacs ?, et la disparition du petit commerce local, à cause du Maire qui... etc. Trente minutes de trajet en mauvaise compagnie et le peu d'espoir que vous pouvez avoir dans la vie se trouve anéanti. Il faudrait ne pas entendre les discours des vieilles dames aigries dans les bus. Mais elles parlent fort, on ne peut échapper à leurs peurs et à leurs fantasmes. Les vieilles dames sont parfois débilitantes.

Pessimisme

Le pessimisme est ennuyeux. Pire, il est destructeur. Se tenir à l'écart des pessimistes est salubre. Il vaut mieux tenter des aventures au risque d'y perdre quelques plumes que de rester immobile dans son coin par peur du pire toujours à venir.

Petite philosophie de rien...

"Lorsqu'on retourne une pierre, on ne sait jamais ce qu'on risque de trouver dessous. Il faut y être préparé. L'êtes vous ?" (A? Perry, Une question de justice, p. 236). Je crois que jamais personne n'est prêt à affronter ces découvertes, et surtout je crois que nous sommes toujours seuls à devoir les regarder. On préfère tous louvoyer entre les écueils, fermer les yeux, même si à trop les fermer on bute sur les fameuses pierres receleuses de secrets. Il faut assumer cela : notre pauvre condition humaine, frileuse, peureuse, et les secousses de la vie. Il n'y a pas que la pire sous les pierres. Il y a aussi ce que nous ne voyons pas habituellement. Bénies soient les pierres et leurs secrets.

Mince consolation

Oui, mince consolation : pendant que je me plais à observer la petite vie animale qui m'entoure, le monde est comme d'habitude à feu et à sang. J'ai lu hier un grand article sur le sort des femmes au Pakistan. Crimes "d'honneur" impunis. Vies en danger perpétuel. Des atrocités, tous les jours, sur des victimes dont le seul crime est d'être femmes...