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01/11/2012

Petite philosophie de Toussaint

Oui, il fait un temps d'automne. Pluie. Vent. Un temps de Toussaint, comme si Toussaint rimait avec mauvais temps. On associe pluie et vent au jour des morts, qui a pris la place de la fête de tous les saints. Un jour dans l'année, tous les cimetières des villes et des villages éclatent de couleurs. Ça ne sert pourtant à rien de fleurir une tombe. Les morts sont bien morts, enfermés dans leurs caveaux ou réduits en cendres. Ce petit commerce de chrysanthèmes, de cyclamens et de bruyères fait vivre les pépiniéristes et les fleuristes, ce qui n'est déjà pas si mal. Pas de récession dans le chrysanthème. Ce qui compte surtout, c'est d'associer au souvenir (pensée intérieure) un geste physique (visible). Une façon de rappeler, de se dire à soi-même et aux autres : voilà d'où je viens. Poser son pot de fleurs sur les dalles froides des cimetières est un geste hautement symbolique. Il ne sert à rien mais il dit tout. Le vécu passé et perdu, les voix oubliées, les jours heureux, les souffrances visibles et souterraines. La pluie de Novembre, pas différente de celle d'Octobre ou de Décembre, devient un temps de Toussaint, jour chargé de sens qui ne ressemble à aucun autre. Satisfaction supplémentaire : les pluies d'automne sont utiles en rechargeant les nappes phréatiques. En résumé : la Toussaint fait vivre les pépiniéristes, les pluies d'automne sont bénéfiques pour la nature, et notre mémoire est vivifiée par la visite des cimetières. La Toussaint est une fête simple, mais féconde. Me revient un souvenir déjà un peu lointain : un de mes cousins emmenait ses neveux faire la tournée des tombes familiales, et racontait, expliquait, qui était qui, ce qu'il faisait, les alliances et les mésententes. Les neveux adoraient ces moments de souvenirs partagés. Mon cousin a son tour est mort. Je vais, quand je peux, fleurir sa tombe. Je ne sais pas si ses neveux, que je ne vois jamais, ont repris ce pèlerinage annuel. J'espère que oui. Mais je ne sais pas.

31/10/2012

"Peste & choléra", de Patrick Deville (Seuil)

C'est un livre qu'on saisit en hésitant. Le titre, franchement, ne fait pas envie. Et puis cet engouement des auteurs d'aujourd'hui à se saisir de personnages connus pour en extraire le romanesque... c'est l'imagination qui fait défaut, ou quoi ? Oui, mais ! Ce livre est passionnant de bout en bout, même si l'on ne s'est jamais intéressé à l'histoire des sciences, à Pasteur (au fait, vous saviez qu'il n'était pas médecin, le grand homme ?), aux bacilles qui ravagent les peuples. Yersin, le grand homme de ce livre, est un savant "de la bande à Pasteur". Né au XIXème siècle, mort pendant la seconde guerre mondiale. C'est un homme à la curiosité sans limites, qui prend des risques, touche à tout, découvre, expérimente, cherche, sans cesse. Habitué des paillasses de laboratoire, il devient médecin maritime, explorateur, géographe, planteur, homme d'affaires, gestionnaire d'un immense domaine au Vietnam. Jamais très loin de l'institut Pasteur, sans y être tout à fait. Le récit n'est pas linéaire. L'auteur, qui se désigne comme l'observateur de cette vie hors des conventions, cherche les emboîtements de ces aventures, le ceci qui explique cela. Il cherche les familles d'esprit (la bande à Pasteur, la bande à Rimbaud, à Mermoz, aux Parnassiens. La répétition du mot bande agace un peu, mais elle est assez nécessaire). L'auteur a des tournures fondées sur la culture commune de ses lecteurs. Il commence une phrase sans l'achever, ce n'est pas la peine, tout le monde connaît la suite "heureux qui comme Ulysse...", ou bien utilise des formules un peu triviales "ça commence à lui courir sur le haricot", pour être au plus proche de la vie et éviter l'emphase, je suppose. Des figures de références flottent dans le roman, Loti, Rimbaud, en arrière plan. L'auteur s'attarde sur la mémoire perdue de tant de vies. "si chacun écrivait 10 vies, aucune ne serait oubliée", comme s'il livrait une clé du roman. On songe à Michon et à ses vies minuscules, à Plutarque et à ses vies des hommes illustres. Gràce à ce roman, Pasteur, Yersin et consorts ne seront pas oubliés. 

30/10/2012

Adages

"Pluie du matin n'arrête pas le pèlerin". Phrase qui n'est pas pire que "20 fois sur le métier remettez votre ouvrage". Ou que "quand on veut, on peut". Nos valises sont pleines de cette pseudo sagesse qui, à bien réfléchir, est plus irritante que bénéfique. N'empêche que les mots nous viennent naturellement aux lèvres, à plus ou moins bon escient. Toutefois, j'aime bien "tu es pressé ? ralentis", ou "pas la peine de pleurer avant d'avoir mal". Simplement parce que c'est vrai, et qu'il est quelquefois nécessaire de se remémorer certaines vérités. Ça peut aider.

29/10/2012

La vie...

Les grands vieillards s'éteignent dans les lieux ad hoc, avec le silence et l'oubli pour compagnons. Ils appartiennent déjà au passé. La vie dans son bouillonnement magnifique est entre les mains des plus jeunes. Dieu ! Que la vie est intéressante, formidable. Il faudra pourtant un jour franchir à son tour les lourdes portes. Les enfants dans le jardin jouent et crient. Il y a toujours des vieillards qui s'éteignent et des enfants qui jouent et crient dans les jardins.