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02/09/2011

Petite collection

Sous mes yeux, en permanence, un mini-musée. 10 ou 20 pièces, pas plus, qui ont autant de valeur pour moi que les chefs-d'oeuvre conservés dans les musées, et avec lesquelles j'ai établi, par un long compagnonnage, une familiarité approfondie. Ces oeuvres mineures/majeures sont près de moi depuis toujours, pour certaines, ou entrées dans mon univers plus récemment. Je les ai beaucoup contemplées, je les contemple encore. La peinture appelle la contemplation, vraie source de connaissances. Je sais que vues par d'autres que moi, ces oeuvres ne méritent pas toutes le nom d'oeuvre. Car ce qui fait leur valeur à mes yeux n'est pas seulement leur qualité artistique. Elles sont les jalons de ma vie. Chaque pièce se rattache à un moment particulier de mon histoire. Du petit portrait de moi enfant, par ma soeur morte depuis très longtemps, à la sculpture de papier achetée à une calligraphe, toutes me parlent de ce que j'ai vécu, traversé, surmonté. J'aime ces objets de peu de prix, ils me sont des béquilles sans prix. Nous avons tous, je crois, nos collections intimes, qu'on ne montre pas, qu'on ne raconte pas. Les miennes sont peintes, sculptées, dessinées, un univers en soi, secret mais évident.  

Kenneth White

De proche en proche, comme en suivant les cailloux d'un petit Poucet des temps modernes, je tombe sur une interview de Kenneth White. Il dit : "Nous avons une production culturelle sans culture..." Et en réponse au journaliste qui lui demande s'il n'a pas l'espoir d'un monde meilleur, il répond : "Je n'ai pas d'espoir, je travaille, j'agis". Pas une once d'hésitation. La voix ferme de ce vieux jeune homme ne doute pas un instant que les livres ne puissent changer le monde. Ses livres comme des leviers puissants, contre une production culturelle sans culture...

À lire de Kenneth White : La carte de Guido, un pèlerinage européen. Albin Michel, 2011.

01/09/2011

La vie comme elle va

Une vie est faite de beaucoup de fils : la chaîne, la trame, les broderies. Au final un tissu dont on ne perçoit pas au premier coup d'oeil le mode de fabrication. Il faut un  temps d'analyse et une connaissance des techniques, pour comprendre et décrypter le sens apparent et le sens caché de nos faits et gestes, de nos conduites plus ou moins harmonieuses, plus ou moins bien adaptées aux circonstances de la vie. Mais parvenir enfin à cette compréhension, même si c'est de manière trop fugace, c'est comme si le ciel s'éclairait d'un seul coup après l'orage.  

Broderie

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La brodeuse brodait. Pour se reposer des tâches harassantes liées aux enfants, trop nombreux, au commerce, sans répit, au jardin, heureusement saisonnier. Une broderie sans prétention, quelques motifs japonisants destinés à éclairer le devant d'un corsage de soie noire. Dans cette vie de labeur, la broderie était une fenêtre ouverte, fenêtre étroite mais fenêtre tout de même, sur ce que la vie pouvait être, aussi. Plus légère, plus harmonieuse, plus libre. Ma mère se permettait ainsi de laisser vagabonder son esprit, pendant une ou deux heures volées au temps du travail. Il ne reste pas de traces de cette activité, sauf celles-ci, conservées par elle alors même qu'elle ne portait plus le chemisier, complètement usé, depuis longtemps.