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10/10/2012

Préparatifs

À chaque rentrée des classes, les mêmes rituels : recoudre les boutons des blouses neuves (ma sœur disait en riant qu'en confection on économisait même sur le fil des boutons...), recouvrir les livres d'école de ce papier bleu qui se décolorait au fil des mois, tailler les crayons de couleur rescapés de l'année précédente, faire réparer par le cordonnier le vieux cartable, en même temps que le ressemelage des chaussures usées par les ainées. L'ambiance était plutôt gaie, détendue. Les mains maladroites froissaient le papier bleu, des gouttes de sang perlaient au bout des doigts des apprenties couturières récalcitrantes. On n'avait alors pas encore entamé le capital de sympathie éprouvé pour l'école. En 6ème et en 5ème, j'ai fréquenté un collège où à chaque début de trimestre, toutes les élèves réunies dans la cour chantaient la Marseillaise et les Allobroges, sous la direction du professeur de musique, en présence de la directrice et des professeurs. Univers totalement féminin, à part le professeur de musique, un peu bedonnant, insignifiant à vrai dire, et dont le chœur d'enfants, en début de trimestre, était le seul moment fort de sa vie d'enseignant.

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09/10/2012

Boîte à bijoux

Ma boîte à bijoux, petite mallette de carton, ne contient rien de bien précieux, seulement des souvenirs. Broches plus ou moins déglinguées ayant appartenu à mes sœurs, montres définitivement arrêtées, quelques bagues qui ne vont plus à mes doigts marqués par l'arthrose, colliers que je n'ai plus envie de porter. J'ai confectionné au fil des années des petites pochettes de tissu pour abriter ces lambeaux d'histoire. Mais les protéger de quoi ? Je sais bien l'origine de ces pochettes : ma mère portait sur elle, épinglée sous son chemisier, une pochette de soie rose saumon, dans lequel elle abritait argent et papier lorsqu'elle voyageait (c'est-à-dire presque jamais !). J'étais fascinée par cette pochette (je l'ai toujours ) que j'imaginais dotée d'une fonction un peu magique, car exceptionnelle, et sans doute illusoire, fonction de protection contre les pickpockets, engeance des transports en commun, hier comme aujourd'hui. Je vois dans cette pochette de soie rose un besoin désespéré de protection en même temps qu'une foi inébranlable. Tout ce qui peut être tenté doit l'être. Advienne ce qui pourra advenir, au moins on aura essayé. Ma mère ne doutait pas, c'était sa force. 

07/10/2012

Paysage

C'est un très beau paysage. Montagnes bleues dans les lointains, châtaigniers sur toutes les pentes, ça et là des terrasses, dont quelques unes encore cultivées. Trois petites vaches laineuses, des génisses à petites cornes, échappées de leur enclos, profitent du fourrage destiné aux chèvres de la ferme voisine. Les maisons sont perdues dans les vallons, ou isolées sur les hauteurs. Si peu d'habitants au m2... Mais ces solitudes ont été peuplées autrefois. Il reste de ces foules disparues des ruines spectaculaires, des escaliers de pierre escaladant des pentes impossibles, des terrasses écroulées. Des obstinés durs à la peine s'accrochent à ces terres ingrates, plus rochers que terres, armés de leur seul courage. Dans l'air froid du matin, la fumée droite et blanche des cheminées indique leur présence au coeur des forêts, et le tintement des grelots celle des brebis et des chèvres, autres occupantes légitimes de ces lieux. 

06/10/2012

Marcher

Tout ce qu'il faut supporter dans la vie : les chagrins, les ruptures, les maladies, les petits chefs, les bavards, les prétentieux, les pannes d'ascenseurs, le froid, le chaud, l'angoisse du lendemain, l'oubli, la solitude, les douleurs, l'ennui, l'injustice, le coût de la vie, les moqueries, les échecs... L'énumération des souffrances et contrariétés pourrait être très longue, et accablante. Mais il y a un mystère : le goût de la vie, malgré toutes les misères que l'on subit. Le goût de la vie et de ce que l'on appelle bonheur, faute de mieux, qui nous font surmonter les chagrins les ruptures, les maladies.... Un élan venu de très loin, gros de promesses rarement tenues, et c'est tant pis, mais jamais complètement disparues non plus, et c'est tant mieux. Entre sommets et précipices, mornes plaines et océans profonds, vaille que vaille, on marche.