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08/09/2011

Livres de chevet

Papiers collés, de Georges Perros, Gallimard

Il y a des livres qui ne sont jamais loin de nous. Nous ne les ouvrons, le plus souvent, qu'assez peu. Il nous suffit de les savoir à portée de main, rangés un peu à part, une étagère spéciale pour ces compagnons silencieux, quelquefois cachés aux regards indiscrets. Enfin, silencieux ! c'est à voir. Ils continuent de nous raconter des choses de nous, du monde comme il va (mal), et de notre place dans ce monde malheureux. Ce matin, j'ai relu la préface du T.2 des Papiers collés. "Ce n'est pas tous les jours qu'on peut parler de tous les jours". Et aussi : "... je me sers d'un matériau sans transcendance, rampant, sans références; pari dangereux, voire imbécile. Mais je vais toujours, on dirait par vice, au mot le plus usé, le plus  clochard, le plus chargé; ce n'est pas l'amour des mots entre eux que je recherche, non, mais plutôt leur aptitude à se refiler la même maladie". Perros à lire, et à relire, pour comprendre son écriture, pour s'en nourrir. Je voudrais tout citer. Encore ceci : "Il y a chez l'homme un trop et un pas assez qui fait que reste toujours sur le tapis un définitif laissé-pour-compte. Son image ?" Les livres de Perros sont incitatifs. À la réflexion, à la lecture, à la relecture. 

15/08/2011

Livres de chevet

Deux livres de chevet, également aimés, quoique différemment. 

Notes de chevet, de Sei Shönagon, Gallimard/Unesco, coll. Connaissance de l'Orient

Les Carnets secrets de Li Yu, présentés par Jacques Dars, ed. Philippe Picquier.

Lorsque la vie semble perdre de son intérêt, lorsque le moral flanche, reprendre l'un ou l'autre de ces livres permet de reprendre pied. Leur vertu est de traiter de l'essentiel de la vie, et d'en dessiner un contour positif, sensible. Des siècles nous séparent de ces auteurs, leurs civilisations respectives sont très éloignées de nous, certaines choses sont incompréhensibles pour moi qui n'ai de ces époques lointaines qu'une connaissance très superficielle. Le charme opère pourtant. Leur lecture me réconfort, m'aide à considérer autrement le monde qui m'entoure.

Grâce à Li Yu, en particulier, je suis attentive à des détails qui permettent, selon les mots de Jacques Dars, "de transmuer les moments courants machinaux ou nuls de l'existence quotidienne en intermèdes agréables ou délicieux, parfois inoubliables". Ce "court traité du bonheur considéré comme un des beaux arts" ne me quitte pas. Je peux rester des mois sans l'ouvrir, il me suffit de le savoir là, à ma portée, accessible, une vraie leçon de vie qui jamais ne se dérobe, qui jamais ne me fait défaut.

11/08/2011

Le voyage à Blue Gap, de Patrice Robin, chez POL

Un petit livre (par le nombre de pages), qui se lit vite, mais qui laisse une impression durable. Parallèle entre la mémoire des Navajos, transmise par le gendre du narrateur, et la mémoire perdue de la mère du narrateur. Celui-ci tente de sauver quelques miettes de la vie de sa mère, à travers des objets qui n'ont d'ailleurs plus aucune utilité dans sa vie d'homme moderne. La montre gousset retarde de 10 minutes chaque jour, il faut la remonter avec une clé minuscule, et le portefeuille est trop grand pour ses poches... Sa mère va finir ses jours dans une maison spécialisée pour vieillards séniles, alors que le gendre continue à chanter des chants de guérison et de protection, quelque part en Arizona. Une culture vivante, une culture morte, mais laquelle est laquelle ? (Pendant que j'écris ces lignes, un écureuil batifole dans la prairie devant la fenêtre, à côté d'une pie indifférente...).

Onze années, de Sigrid Undset

Les hasards d'une bibliothèque abandonnée dans une maison de vacances me mettent dans les mains ce livre publié en France en 1941. Une élégante couverture, un papier jauni, et un monde quasiment exotique pour moi : l'auteur évoque sa propre enfance, les onze années passées en famille avec son père archéologue, la mort de celui-ci, et la Scandinavie de la fin du XIX° siècle, où les frontières sont perméables, les familles polyglottes, la mère danoise, le père norvégien, mais le roi suédois. Un monde où les enfants sont assez libres de vagabonder, où les fillettes semblent souvent victimes d'exhibitionnistes, où l'éducation peut se faire à la maison, où les références littéraires et historiques sont présentes en permanence, mais assez mystérieuses pour nous.   

La petite fille découvre que malgré la mort de son père très aimé, elle peut être heureuse et "qu'il existe une frontière qu'il n'est au pouvoir de personne de déplacer entre la vie de ceux qui doivent mourir et celle qui vivront. Là-bas, dans les champs, la liberté attendait Ingvild. De tout cela elle éprouvait une joie presque douloureuse". (p.294)

NB : les livres de la romancière sont facilement accessibles sur les sites de vente d'occasion.