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16/10/2011

Énigme

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Des visages graves. Pas un sourire. L'anonymat d'une photo de groupe. Quelles sont ces personnes qui posent devant l'objectif ? On leur a bien expliqué qu'il ne fallait pas bouger. Obéissants, ils n'ont pas bougé. La photographie date de 1890, à peu près. 2 de mes lointains parents, grand-oncle, ou cousin (on ne dit pas grand-cousin, dommage) ont excercé la profession de photographe ambulant. Ils parcouraient l'Europe, photographiaient les employés de manufactures, les états majors, les écoliers, les ouvriers de chantiers navals, pour le compte du studio David à Levallois. Quelques tirages ont échoué dans le grenier, oubliés, anonymes, à quelques exceptions près. C'est un monde sévère, le monde du XIXème siècle, et il se dégage de ces quelques trente photographies une impression de rigidité, d'austérité. Bien sûr, le temps de pause ne permet pas la spontanéité des expressions. Mais on peut imaginer l'organisation de la photo, l'emplacement des personnes, qui sans doute obéit à une stricte hiérarchie, les recommandations, tout ce cérémonial qui accompagnait la prise de vue à la chambre, lourd matériel que les photographes devaient manipuler à longueur de journée. Il a fallu aussi attendre que la lumière soit favorable, ou que la pluie cesse... La photographie, agrandie en 30X40, devait être encadrée dans le bureau du directeur, image parfaite de la fabrique, et chacun des employés savait que son image faisait partie de l'histoire de l'entreprise.

15/10/2011

Poursuivre...

Il y a des ratés presque quotidiens. Des erreurs apparemments irréparables. Des omissions. Des bégaiements. Beaucoup de termes possibles pour désigner ce qui accroche dans nos vies. On voudrait que tout coule, de la source à la rivière, de la rivière à la mer. Mais non. Ratés. Erreurs. Omissions. Bégaiements. Tous les jours, ou peu s'en faut. Sauf que : un éclair de lumière, brusquement. Une pépite de réussite. Une rencontre parfaite. Un regard. Des paroles. Une odeur délicieuse de cuisine à l'heure du repas... L'air doux de l'automne est là. Après les excès de l'été, retour à la vie de travail. On remet l'ouvrage sur le métier, et on reprend. Ratés. Erreurs. Réussites. Lumières.

14/10/2011

Ombres (3)

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12/10/2011

Ohran Pamuk

Ohran Pamuk, Istanbul (Souvenirs d'une ville), Gallimard

Il est impossible de parler d'un tel livre en quelques lignes, tant il foisonne d'informations et d'images. 440 pages, entièrement consacrées à une ville, Istanbul, ville natale de l'auteur et aussi ville de sa famille, mais pas seulement à travers son histoire. C'est un livre personnel (l'histoire de la famille, sa formation d'écrivain) mais c'est bien plus qu'un livre de souvenirs. Certes ce sont eux, les souvenirs, qui suscitent les longues descriptions de la ville, mais c'est aussi toute une histoire débordant largement la vie de l'auteur qui nous est restituée. Pour le lecteur occidental qui ne connaît pas Istanbul, c'est une découverte. On y lit la jeunesse de l'écrivain, l'évolution d'une société, la perte d'une partie de son identité dans les bouleversements architecturaux et urbanistiques, l'occidentalisation forcenée qui fait disparaître les "konak", vieux bâtiments en bois, brûlés, démolis. La famille aussi s'éteint peu à peu. L'auteur habite toujours l'immeuble Pamuk familial, et dit "ma vie est faite de ces souvenirs, paysages et lieux issus de ce paradis perdu". Il ne cesse de décrire la lumière crépusculaire des intérieurs surchargés de bibelots et d'objets semi-précieux, et Istanbul comme une ville en noir et blanc. Des photos un peu grisâtres accompagnent le texte, sans légendes (il faut se reporter à la fin du livre pour les trouver) et soulignent combien ce livre de souvenirs est aussi un livre extrêment documenté.

C'est un livre nostalgique "la triste poésie de la destruction et des ruines", "une somptueuse civilisation ottomane disparue", "les dessins de Melling issus d'un paradis hors d'usage, se mêlent à ma vie présente"... mais c'est avant tout un chant d'amour pour la ville, et le récit de la naissance d'un écrivain.