16/11/2011
Froid
Quel froid dans les chambres dans mon autrefois personnel. Le givre dessinait de grandes figures sur les vitres des fenêtres. Pas question de mettre du chauffage. Les radiateurs bricolés par mon père étaient réservés aux pièces de vie. Il les fabriquait avec des tubes d'éternit, sur lequel il enroulait des boudins de fils (de cuivre ?), portés au rouge lorsqu'on les branchait. Aucune sécurité, mais personne, par chance, ne s'est jamais brûlé. Quant à la consommation, n'en parlons même pas. Mais mon père avait construit une mini centrale électrique sur le torrent, et ne regardait pas défiler les kilowatts, d'ailleurs nous n'avions pas de compteur. Il arrivait pourtant qu'il faille couper tout ce qui était branché (cuisinière, chauffe-eau, radiateurs, étuves du gazo), car le voltage baissait dangereusement. On voyait la lumière décliner, l'aiguille du voltmètre penchait vers la gauche, et il fallait que quelqu'un descende à "l'usine" à toute vitesse pour faire les gestes techniques indispensables, en premier lieu enlever les feuilles qui obstruaient la grille d'arrivée d'eau, au bout du canal de dérivation. Mon père n'a jamais installé de rateau mécanique. Je devenais introuvable dès que la lumière baissait, tant j'avais peur d'être obligée de traverser le torrent sur la passerelle branlante, surtout à la nuit tombée. Donc, pour reprendre, des chambres glaciales, la toilette ultra rapide, et les vêtements froids à enfiler (impression d'humidité...), surtout le lundi matin, vers les 5 heures, quand il fallait se préparer avant d'aller prendre le car, destination l'internat. On pouvait, à la rigueur, brancher de petits radiateurs paraboliques pendant qu'on se lavait, mais franchement, ils ne chauffaient guère ! Oserais-je dire que je regrette les grandes fleurs de givre sur les vitres ? C'était tellement beau...
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15/11/2011
Cosa mentale
L'écriture est "cosa mentale" comme le disait de la peinture Leonard de Vinci. Mais je sais aussi qu'elle est chose bien matérielle, et que privée de mes outils favoris, de mon lieu préféré, je frôle la panne sèche. Je la frôle seulement.
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14/11/2011
Fleurs (10)
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13/11/2011
Ratages
J'ai raté : la musique de mon temps. L'apprentissage des langues étrangères. Le culte du corps et de la beauté. Le latin, la mythologie et même la religion. Et aussi les relations sociales, savoir se pousser du coude pour prendre plus de place, même si c'est celle d'un autre. Je suis passée à côté de la culture, et même de la littérature Je n'ai fait qu'effleurer le grand continent des lettres. Je cabote le long de ses côtes, je grappille quelques miettes, je me nourris, de loin, du spectacle quelles offrent, les lettres. Je cache du mieux que je peux mes incompétences et ignorances multiples. Et je ne cherche même plus à étaler mes rares compétences. Ce n'est plus l'heure ? Peut-être. Je devine que le terreau dont je me nourris peut se dessécher si je n'y prends garde. Voilà, pour ne pas sombrer dans la déréliction, il faut s'occuper de soi, au propre comme au figuré. Trouver son axe personnel de développement encore possible. Mes ratages successifs ne peuvent se réparer. C'est ainsi. Je ne pourrai pas en éviter d'autres, car l'habitude de la réussite n'est pas inscrite dans mes gènes. Mais... si maigrelet que soit mon capital (de savoir, d'estime de soi, de compétences), j'avance, je vis, j'espère, je doute. Je me dis que je dois perdre l'habitude de mesurer ce que je suis à une aune qui n'est pas la mienne. J'ai raté beaucoup de choses essentielles, c'est certain, qu'au moins je ne me rate pas moi-même. Bon programme pour ce qu'il me reste à vivre. Un peu flou, peut-être... Disons qu'il s'agit plutôt d'une atmosphère, ou d'une lumière, douce et enveloppante, dans laquelle je me baigne, avec bonheur.
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